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Canada : Manulife courtise les jeunes

Sur le terrain | publié le : 02.11.2020 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Manulife courtise les jeunes

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Plusieurs entreprises canadiennes mettent en œuvre des programmes de recrutement pour attirer spécifiquement les jeunes. Le géant de l’assurance Manulife veut être un leader au Canada pour recruter ces derniers.

Manulife met le paquet sur les jeunes. Géant de l’assurance et des services financiers, basée à Toronto, cette société qui s’appelle, tout simplement, Manuvie au Québec et qui compte environ 35 000 employés dans le monde, dont 13 000 au Canada, – auxquels il faut ajouter plus de 70 000 agents indépendants – a mis en œuvre un programme clé : Generation NEXT. « Nous cherchons à vraiment comprendre ce que la prochaine génération de travailleurs veut retirer du travail et à aider à répondre à leurs désirs autant que possible », confie la directrice de la communication internationale de Manulife, Brooke Tucker-Reid. Ce projet mobilise les jeunes salariés de l’entreprise appelés à devenir la prochaine génération de leaders grâce à l’éducation, au réseautage et au bénévolat.

Chez Manuvie-Manulife, les jeunes sont impliqués « dans des entrevues, des comités d’embauche et dans des salons de l’emploi pour partager directement leurs expériences avec des candidats potentiels. Les panels d’embauche incluent de nouveaux diplômés, plus récents dans l’organisation ». L’assureur a aussi créé, il y a quelques années, un programme de perfectionnement pour les meilleurs de ses jeunes diplômés, titulaires d’un master in business administration. Objectif ? Que les plus brillants gravissent rapidement les échelons de Manulife.

L’assureur n’est pas la seule entreprise à miser sur la jeunesse. Le quotidien canadien de référence The Globe and Mail a répertorié les 100 meilleures entreprises pour les jeunes. Parmi celles-ci, plusieurs grandes banques et entreprises de télécommunications, mais aussi, outre Manulife, Ford Motors Canada. Le constructeur automobile a ainsi conçu un programme pour attirer les candidats âgés de moins de 30 ans. La société de 7 600 employés propose aux jeunes de travailler en parallèle avec une ONG afin de développer leur sens du civisme. Autre opportunité, dans le domaine médical cette fois, une cinquantaine de jeunes Noirs ou Autochtones peuvent se joindre aux personnels de l’hôpital Mount Sinaï de Toronto l’été pour augmenter leurs chances d’intégrer dans le futur le milieu de la santé.

Un contexte canadien particulier

Pour autant, attirer les jeunes candidats n’est pas chose facile. Le Canada fait face structurellement à une pénurie de main-d’œuvre, principalement dans le bâtiment, la restauration et la santé, même si la crise sanitaire pourrait à terme changer la donne. « Pour bâtir un solide réservoir de talents futurs, Manuvie a modifié ses stratégies de recrutement et de rétention de la prochaine génération de talents en fonction de ce que nous savons important. Nous savons par la recherche et les conversations avec nos collègues de la génération Z, que leurs principales valeurs au travail sont l’aide à la famille proche et les amis, tout en effectuant un travail gratifiant et agréable », dit Brooke Tucker-Reid.

Selon le directeur montréalais d’un centre d’aide à la création d’entreprises (qui préfère demeurer anonyme), « les jeunes ne recherchent pas particulièrement des salaires élevés, mais une vie agréable. Nous offrons de bons salaires et jusqu’à cinq semaines de vacances à nos employés (NDLR : contre deux en moyenne au Canada), mais ce qui les intéresse par-dessous tout est la qualité de vie », explique ce dernier, qui ajoute : « Les jeunes peuvent quitter une entreprise sur un coup de tête. C’est une génération qui n’a jamais connu de crise économique et ils pensent qu’il en sera toujours ainsi ». Pour ces derniers, le bonheur au travail est primordial. Un constat validé par plusieurs analyses de chercheurs canadiens, parmi lesquelles une étude de l’université de Waterloo, précisant que la moitié des travailleurs juniors privilégient d’abord une entreprise partageant leurs valeurs, comme la défense de l’environnement.

Selon une récente étude du cabinet de sondages Léger, « les travailleurs milléniaux (35 ans et moins) croient, dans une plus grande proportion que dans les autres groupes d’âge, que les employeurs devraient être tenus de leur fournir des services de psychologues (51 %), d’ergothérapeutes (53 %), de massothérapeutes (44 %) et de nutritionnistes (31 %). Même s’ils sont satisfaits de leur travail, plus de la moitié d’entre eux disent vouloir changer d’emploi au courant des deux prochaines années ». Un constat inquiétant pour les employeurs, puisque deux tiers des milléniaux envisagent de devenir… travailleur autonome.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann