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« Les familles monoparentales sont Les principales victimes de la crise sanitaire »

Le point sur | publié le : 02.11.2020 | Adeline Farge

Entre les problèmes de garde liés à la fermeture des classes, l’arrêt des missions pour les autoentrepreneuses, l’impossibilité de compter sur le soutien familial, le télétravail en présence des enfants, le confinement n’a pas été de tout repos pour les familles monoparentales, souligne Cathy Ngangué, secrétaire générale de la Fédération syndicale des familles monoparentales.

Quelles sont les conséquences de la pandémie sur les familles monoparentales ?

Les familles monoparentales sont les principales victimes de la crise sanitaire. Depuis le confinement, de nouveaux publics vulnérables, que n’avaient pas repérés les travailleurs sociaux, se sont tournés vers l’aide alimentaire. Des mères isolées autoentrepreneuses ont vu leurs missions s’arrêter du jour au lendemain et se sont retrouvées sans aucun revenu. D’autres parents, pour qui c’était déjà compliqué financièrement, ont été obligés de réduire leur temps de travail pour rester à la maison. S’ils ont bénéficié d’arrêts maladie pris en charge par la sécurité sociale puis du chômage partiel, ces interruptions ont entraîné une baisse de leurs ressources à un moment où les dépenses ont augmenté. D’ordinaire, les enfants peuvent manger à la cantine à des tarifs réduits mais, en confinement, les parents ont dû gérer tous les repas. Or, certains ne perçoivent pas de pension alimentaire et n’ont pas le droit aux prestations sociales. Dans les prochains mois, nous craignons que de nombreuses familles monoparentales tombent dans la précarité. Alors que des destructions d’emploi sont annoncées dans tous les secteurs, beaucoup de parents solo, embauchés sur des contrats précaires, risquent de se retrouver parmi les premiers salariés dont les postes seront supprimés.

Quelle est la principale difficulté rencontrée ?

Les mères à la tête de famille monoparentale sont seules face aux difficultés causées par la fermeture des écoles. Beaucoup nous ont contactés, car elles ne savaient pas comment s’organiser pour faire garder leurs enfants. Elles avaient épuisé tous leurs jours de congé et n’avaient pas de réseau familial sur lequel s’appuyer. Elles ne peuvent pas compter sur le soutien des grands-parents qui sont des personnes à risque. Pour continuer à travailler, une auxiliaire de vie a choisi de se séparer de ses enfants pendant le confinement et de les confier à ses parents. Elle venait leur rendre visite de loin, à travers le portail, pour ne pas les contaminer. À l’époque, les enfants étaient considérés comme les porteurs du virus. Des agents de sécurité ont refusé à des parents célibataires de rentrer avec leurs enfants dans des supermarchés et leur ont demandé de les faire garder pendant leurs courses. Cela met en évidence l’incompréhension qui entoure la monoparentalité. Notre société est construite sur le modèle traditionnel d’un couple avec des enfants et l’on a encore du mal à concevoir qu’un papa ou une maman puisse les élever seul.

Comment s’est passé le télétravail pendant le confinement ?

La difficulté à concilier la vie professionnelle et la vie personnelle a été exacerbée. Les parents solo ont dû adapter leurs horaires de travail aux rythmes de vie des enfants. Beaucoup commençaient à télétravailler avant leur réveil et étaient obligés de continuer une fois qu’ils étaient couchés. Le reste de la journée, ils devaient être disponibles pour s’occuper d’eux et assurer l’école à la maison. Ils ont vécu trois journées en une : celle du salarié, celle du papa et de la maman, celle de l’instituteur. C’est éprouvant de gérer toutes les tâches domestiques et éducatives en télétravaillant sur une longue période. Les parents devaient rester productifs et concentrés sur leur travail, pour répondre aux exigences des employeurs qui n’ont pas été revues à la baisse, tout en surveillant en permanence les enfants. La charge mentale, le stress, la fatigue ont explosé, avec des risques de burnout et de maltraitance. Seuls face à leurs responsabilités, ils n’avaient aucun moment de répit ni la présence d’un tiers pouvant prendre le relais. Notre fédération a mis en place une ligne d’écoute psychologique et des associations ont organisé des points d’accueil ponctuels pour permettre aux parents de souffler et de rompre leur isolement.

Auteur

  • Adeline Farge