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Rien de mieux que la confiance

Chroniques | publié le : 02.11.2020 |

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Rien de mieux que la confiance

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Benoît Serre Partner au BCG, vice-président délégué de l’ANDRH

Les mesures sanitaires qui scandent notre vie depuis des mois ont peu à peu et imperceptiblement modifié le rôle attendu de l’entreprise : les responsabilités qu’elle entend assumer dans cette période si perturbante comme les attentes des salariés. On entre dans une phase où tous les repères sont pour longtemps bousculés. Fort heureusement, on en voit déjà quelques bénéfices et notamment une confiance renforcée – et restaurée – dans l’entreprise de la part de leurs salariés. C’est une bonne nouvelle, comme une « relégitimation » après tant d’années où on a voulu politiquement faire croire que les destins du salarié et de l’entreprise étaient opposés.

Le confinement a révélé que le lien entre entreprise et salariés était non seulement fort, mais indispensable pour traverser ensemble cette période. Les DRH ont mis en œuvre des trésors d’imagination et de rigueur pour que le collectif de travail demeure une référence. Ils le font encore. Nous avons également assisté à un renouveau du dialogue social de terrain, celui qui met au cœur des échanges le double intérêt bien compris de l’entreprise et de son corps social. Il est intéressant de noter d’ailleurs qu’après quelques tentatives du « vieux monde syndical » comme les appels au droit de retrait ou la déplorable affaire de Sandouville, le dialogue et affronter solidairement cette crise sont devenus la règle.

Le couvre-feu instauré depuis deux semaines est venu ajouter une dimension supplémentaire à ces rôles nouveaux de l’entreprise : la convivialité du travail pour compenser autant que possible la réduction de celle de la vie privée. Il est rassurant de constater une transformation en cours de plus. Après des années où le travail était souvent présenté comme d’abord un lieu de RPS, de souffrances et de contraintes avec une législation parfois conçue pour protéger le salarié contre les intentions inavouables des dirigeants, on (re)découvre subitement toute la vertu de la vie professionnelle, et qu’au-delà des exigences normales de protection, de performance, de productivité et de compétences, l’entreprise joue un rôle social éminent et fondamental pour ses salariés. En effet, la lutte contre la pandémie et la durée inédite de cette crise protéiforme a conduit le gouvernement à rechercher le juste équilibre entre la protection sanitaire et le réalisme économique. L’obsession de tous est aujourd’hui non pas d’empêcher mais de préparer et si possible limiter les effets dévastateurs économiques et sociaux de cette crise sanitaire.

Pour protéger notre société, il faut protéger le travail.

Nous l’avions peut-être un peu oublié, mais l’entreprise est le lieu de la création d’emploi, de l’émancipation, du développement professionnel et personnel. Pour qu’elle continue et amplifie ce rôle, elle se dote peu à peu de nouvelles missions au-delà des évolutions bienvenues de la loi Pacte. Sans contrainte législative particulière, les employeurs ont endossé rapidement de nouveaux rôles et la responsabilité sociale est ainsi en cours de redéfinition. L’entreprise est également un lieu de convivialité, de bienveillance, de développement. Cette mue s’est faite certes dans des conditions exceptionnelles et l’avenir dira si nous gardons cette approche réellement inclusive lorsque les temps seront moins particuliers. Il n’en demeure pas moins que protéger le travail constitue la meilleure réponse durable à la crise si difficile que nous vivons.

Mais pour que ces acquis demeurent, il est primordial que les acteurs du travail en France – État, partenaires sociaux et entreprises – sachent en tirer les conséquences pour adapter notre législation, nos pratiques et nos modes de dialogue social à cette nouvelle ambition. Il est urgent surtout de partir du principe de la confiance entre ces acteurs, de faire du contrôle une nécessité en dernier ressort et non un principe a priori.

La confiance est le maître mot de cette crise. Lorsqu’elle fait défaut, l’inquiétude et la polémique prennent le pas sur la solidarité pour surmonter ensemble ce que nous vivons. Lorsqu’elle est présente et fonde les décisions, la force des organisations repose sur celles et ceux qui la composent !