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Le travail à Gilles

L’idée de Marie-Pierre

Le travail à Gilles | Une chronique de Bénédicte TILLOY | publié le : 26.10.2020 |

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L’idée de Marie-Pierre

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Marie-Pierre repousse gentiment son fils qui tente une nouvelle fois de grimper sur ses genoux. L’index qu’elle pose tout droit sur ses lèvres, assorti de gros yeux ronds veut dire « silence » et fait encore son effet, mais pour combien de temps ? Elle est au téléphone avec Carine qu’elle cherche à convaincre de lui laisser exposer son idée jusqu’au bout. Ce n’est pas le moment d’être interrompue.

Voilà où on en est : lors d’un salon RH consacré au futur du travail, Marie-Pierre a fait connaissance avec Benjamin, lequel Benjamin a développé une application qui permet aux salariés de trouver facilement les collègues qui ont les réponses aux questions qu’ils se posent. La démo l’a convaincue que c’était simple à installer, et elle explique à Carine que cette solution pourrait aider chacun à avancer plus vite sur ses projets. Elle en a parlé à ses collègues qui sont prêts à s’impliquer. On se souvient que c’est une demi-vérité, mais Marie-Pierre se dit qu’avec l’accord de Carine, il se pourrait qu’elle arrive à embarquer Gilles. Quant à Rémy, il saura faire savoir qu’il trouve l’idée géniale s’il repère que ça peut lui rapporter des points. Carine ne dit pas tout à fait oui, mais puisqu’elle ne dit pas non, Marie-Pierre considère qu’elle peut avancer.

Fin du call. Il était temps, le salon est à feu et à sang, tout le coffre à jouets est de sortie. On ne sait pas de son fils ou d’elle qui a le plus mérité le goûter qui suit. Mais quand même, vivement qu’il retourne à l’école. Enjamber des cubes et des petites voitures pour passer du bureau (le salon) à la machine à café (la cuisine), trouver des occupations suffisamment occupantes pour garantir 30 minutes de Zoom sans interruption, s’enfermer dans sa chambre le casque sur les oreilles pour ne pas entendre hurler pendant un call, ce n’est pas vraiment gratifiant.

De retour à sa roue de hamster, Carine tourne en boucle la réponse de Gilles à son SMS. Sa perche est explicite. Il faut qu’elle lui parle. Sérieusement, en tête à tête. Le mieux serait même de se voir en vrai. À sa proposition de se retrouver dans son bureau, au siège, dans quelques jours, Gilles répond d’ailleurs positivement. Le rendez-vous n’a pas encore eu lieu, mais sa perspective lui déblaie la tête. Les choses qui traînent sont des causes de migraines, parole de cheftaine.

Il est là pile à l’heure le jour dit, n’accepte pas de café, s’assied sans dire un mot ; derrière son masque, le sourire a le bénéfice du doute. Carine démarre au quart du tour en s’étonnant à voix haute de ne plus reconnaître le Gilles enthousiaste avec lequel elle faisait équipe avec plaisir… autrefois. Le Gilles d’aujourd’hui trouve le courage de lui répondre qu’il va devoir quitter son job pour ne pas se quitter lui-même. La franchise est désarçonnante et Carine est désarçonnée. Elle a heureusement la présence d’esprit de lui demander à quelles conditions il resterait parmi eux. Faire des choses qui ont du sens semble une réponse acceptable, l’échange qui suit en atteste, Carine dit avoir sa petite idée.

La proposition de Marie-Pierre, entretemps devenue l’idée de Carine, semble susciter l’intérêt de Gilles qui y voit l’opportunité de faire cartographier par la même occasion les compétences de toute la boîte par les salariés eux-mêmes, avec le soutien d’une intelligence artificielle qui plus est (s’il a bien compris ce que lui a expliqué Marie-Pierre l’autre jour).

Et puis, travailler avec une startup, c’est toujours rafraîchissant.

Enfin un épisode qui finit bien…

(à suivre)