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Le point sur

« Une capacité d’adaptation extraordinaire des enseignants »

Le point sur | publié le : 26.10.2020 | Dominique Pérez

Comment les responsables pédagogiques et les enseignants des masters RH ont-ils vécu, et vivent-ils encore, la crise sanitaire ? Malgré une surcharge de travail, ils ont tenu bon. Grâce, selon Gwenaëlle Poilpot-Rocaboy, à une grande flexibilité.

Vous avez réalisé un sondage auprès de vos adhérents pour connaître leur perception de la crise sanitaire. Quelles en sont les principales conclusions ?

Notre objectif était tout simplement de sonder leur moral, de savoir comment les responsables pédagogiques avaient vécu cette transformation brutale dans la gestion et l’enseignement des masters. À la première question, qui était : « comment allez-vous ? » 55,1 % ont répondu : « bien » ou « très bien ». C’était un peu rassurant pour nous, on aurait pu s’attendre à pire. Même si la proportion de ceux qui vont moyennement bien ou pas bien est quand même élevée. Cependant, seulement 41 % disent avoir bien supporté la période du confinement, ce qui prouve qu’elle a été compliquée, et ce qui domine est le sentiment de sa brutalité. Du jour au lendemain, nous avons eu l’interdiction de mettre les pieds à l’université… sans y avoir été préparés. Certains avaient déjà commencé le développement des formations à distance, mais il s’agissait finalement d’une minorité. À l’IAE de Rennes, nous avons déjà travaillé, notamment sur le stockage de documents sur une plateforme numérique, et nous nous en sommes félicités.

La principale problématique était la dimension technique. Sur la question des conditions techniques de la mise en œuvre de l’enseignement à distance, 55,1 % des enseignants disent les avoir appréciées. Cela signifie que l’on a globalement été en capacité de répondre aux obligations du distanciel, avec une appropriation des outils assez rapide. On peut saluer cette grande flexibilité, cette capacité à apprendre dans une situation de crise phénoménale… Bien entendu, cela a été douloureux, mais cela a été beaucoup dû à des problèmes purement techniques, matériels. Une webcam qui ne fonctionne pas bien, une capacité mémoire insuffisante d’un ordinateur trop ancien, les connexions internet à domicile qui coupaient faute de suffisamment de débit selon les endroits… Mais 72,4 % ont estimé que leur environnement de travail était compatible avec l’enseignement à distance. On peut se féliciter du nomadisme des enseignants-chercheurs. Très peu travaillent à 100 % de leur temps au sein des écoles et des universités. Tous ont déjà des espaces de travail, ce qui n’était pas le cas du personnel administratif, beaucoup plus en difficulté.

De nombreuses voix se sont élevées pour signaler les difficultés de certains étudiants face à la crise. Comment les responsables pédagogiques les ont-ils vécues ?

Les réelles difficultés de certains étudiants se sont ajoutées à une surcharge de travail des enseignants. Cette période a prouvé leur capacité d’adaptation, mais au prix d’un nombre d’heures de travail déraisonnable pour certains. Il fallait continuer à produire des contenus tout en soutenant les étudiants. Par exemple, ici, au sein de l’IGR-IAE, nous avons lancé un appel aux dons. L’un des enseignements que l’on a tirés de cette période est que la grande majorité des étudiants étaient en demande de présentiel à la rentrée, à la fois pour la relation pédagogique et pour se voir entre eux. C’est très rassurant pour notre métier. Ce qui a été également compliqué à la rentrée était de ne pas pouvoir répondre clairement aux questions des nouveaux étudiants sur les conditions d’enseignement, en juillet nous leur avons dit que notre priorité était le présentiel, mais dans les faits, quand les territoires sont en zone rouge, comme à Rennes, nous devons poursuivre en mode hybride, en réduisant la capacité des salles de 50 %, ou en distanciel total pour certains cours.

Cette expérience va-t-elle faire évoluer vos modes d’enseignement ?

Au cours de cette période, nous avons dû explorer une diversité d’outils en remettant en cause notre linéarité pédagogique. Nous devons favoriser les interrelations avec les étudiants, proposer des vidéos, avec des captations de films, des quiz, des études de cas repensées, des ruptures de rythme pour que l’attention perdure… Et cette nécessité se poursuit aujourd’hui. Heureusement, nous sommes désormais préparés.

(1) Créé en 2000, le réseau Référence RH réunit une quarantaine de représentants de 3e cycle d’université et de grandes écoles en gestion des ressources humaines.

Auteur

  • Dominique Pérez