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Fonction RH : La crise, une opportunité pour les nouveaux diplômés ?

Le point sur | publié le : 26.10.2020 | Dominique Perez

Passant d’un enseignement organisé majoritairement en présentiel à un tout distanciel, les étudiants en formation continue ont vécu la crise à domicile, mais au cœur des nouveaux enjeux RH.

Pour les étudiants préparant en formation continue un master en ressources humaines, la crise sanitaire a pu être une occasion unique de mesurer les enjeux d’une fonction qui, selon les experts, va devoir se réinventer. C’est le cas pour Djamila Yahiaoui, fraîchement diplômée du master ressources humaines et transformations numériques du Cnam, à Paris, qui s’y était inscrite dans une démarche « de promotion, impulsée par mon employeur », précise-t-elle. Chargée d’expertise RH, elle va prochainement passer cadre expertise RH senior dans un grand groupe. Un changement de statut lié au diplôme qu’elle a obtenu en septembre dernier. « Je l’ai choisi parce qu’il avait à la fois une dimension RH classique et un volet très innovant autour des transformations numériques, qui tenait compte du contexte actuel. » Au moment du confinement, elle n’a pas eu l’impression d’être trop impactée. « Nos examens ont eu lieu majoritairement en février, cela n’a donc pas eu trop de conséquences. Je n’avais plus que mon mémoire de fin d’études à préparer. Passer la soutenance en visioconférence n’a pas non plus été un frein. J’ai pu m’organiser pour créer les mêmes conditions qu’une soutenance en présentiel. » En télétravail pendant cette période, elle n’estime pas que sa charge de travail a été plus lourde, mais différente. « Nous étions déchargés des tâches non prioritaires. » Par contre, prenant la mesure des bouleversements liés à la crise, elle a changé in extremis son projet de mémoire, en avril.

Une nouvelle organisation en cours

« Je me suis saisie de l’opportunité de la crise pour étudier l’évolution des pratiques managériales et faire un mémoire de fin d’études autour de ce contexte. » Un terrain d’expérimentation privilégié et inédit pour la future diplômée, et qui a intéressé au premier chef son entreprise. « Cet évènement a forcément changé la perception que j’avais des ressources humaines, dit-elle. La fonction RH comprend une dimension très juridique et stratégique, cette crise m’a permis de percevoir également le besoin de réactivité qu’elle impliquait, et la nécessité de s’adapter à chaque situation. Cela a révélé cette dimension opérationnelle de la fonction RH et la nécessité de créer du lien avec les salariés. On m’a demandé de présenter mon travail au codir. » Un sujet de mémoire, intitulé « L’évolution des pratiques managériales en contexte de crise Covid-19 : comment passer de l’apprentissage individuel à l’apprentissage organisationnel en temps de crise », qui vient à point pour l’entreprise, et qui a aussi intéressé « l’équipe pédagogique du master », précise-t-elle. Pour Djamila Yahiaoui, cette expérience a, avec le recul, « développé une envie d’apprendre, j’ai vraiment vécu cela comme une opportunité ». Elle est aujourd’hui associée, au sein d’un groupe projet, aux réflexions sur l’organisation du travail à l’œuvre dans son entreprise.

Pour Claire Rivat, directrice du recrutement au sein de Concerto RH, cabinet de recrutement et de conseil RH basé à Saint-Étienne et Lyon, récemment diplômée du master management des ressources humaines et organisation de l’IAE de l’université Jean-Moulin de Lyon, l’adaptation au contexte a été double. « On a tous dû faire preuve d’adaptabilité et d’agilité pour suivre le cursus, il y a eu quelques jours de battement, mais très vite tout s’est réenclenché. Et j’ai vécu en même temps le distanciel à titre professionnel. D’un coup, il a fallu prendre de nouveaux repères… »

« Ce qui a manqué, ce sont les échanges informels »

Même si les cours étaient organisés jusqu’au confinement à 100 % en présentiel, les nouvelles modalités ne furent cependant pas une nouveauté pour la future diplômée : « Nous avions déjà beaucoup de travaux de groupe en visio ou en conférences téléphoniques, nous avons tous une vie professionnelle, voire une vie de famille, et cela s’organisait déjà très bien auparavant. » Planning professionnel, familial et de cours se conjuguent donc plutôt bien pour elle. « Ce qui m’a manqué cependant, ce sont les interactions entre étudiants. Pendant la pause, on pouvait débattre sur un sujet, là on est strictement concentrés sur les cours. Quand on est déconnectés, on ne se rappelle pas pour échanger, il n’y a plus de rencontres informelles qui permettaient de répondre à des questionnements en direct. » La machine à café, en formation comme dans l’entreprise, reste un lieu qui ne peut pas se recréer à distance…

Auteur

  • Dominique Perez