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Les clés

Les défis de l’emploi après la pandémie

Les clés | À lire | publié le : 19.10.2020 | Lydie Colders

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Les défis de l’emploi après la pandémie

Crédit photo Lydie Colders

Dans la série « vers un nouveau monde » après la Covid, cet ouvrage de deux économistes, Henri Sternydiak et Stéphanie Villers, dresse des perspectives sombres en matière de chômage jusqu’en 2021. Le rédémarrage de l’économie supposerait un net virage, et chacun y livre sa vision.

Dans cet essai, Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés classé à gauche, et Stéphanie Villers, économiste plutôt libérale, croisent leurs points de vue « sur le choc historique » de la récession mondiale due à la crise de la Covid. Si l’incertitude plane, selon eux, cette chute brutale de l’activité aura des effets durables sur 2020 et 2021. « En France, le recul de la production pourrait atteindre 5 % en 2021. » Soit un million d’emplois potentiellement menacés, d’après leurs calculs. Des chiffres alarmistes, à prendre avec prudence. Leur livre dresse un tour d’horizon d’une économie mondiale déjà fragilisée avant la pandémie, et des mesures prises par les gouvernements européens. Le recours au chômage partiel en France sera essentiel pour éviter des licenciements massifs, y compris l’an prochain. « La question de la dette est secondaire, estime Henri Sterdyniak, l’important est d’éviter une longue période de chômage de masse. » Malgré l’arsenal déployé (accords d’activité partielle de longue durée dans les entreprises), entre plans sociaux et risques de faillite, il faudrait donc s’attendre à de très faibles embauches, même en 2021. Les économistes s’inquiètent en particulier du sort des 700 000 jeunes arrivant sur le marché du travail, jugeant la prime à l’embauche largement « insuffisante ». Henri Sterdyniak suggère de leur ouvrir le chômage partiel « pour empêchement à trouver un emploi » et d’annuler la réforme de l’assurance chômage. Stéphanie Villers, elle, préférerait « une prise en charge intégrale de leurs salaires » par l’État. Des options coûteuses écartées pour l’instant par le gouvernement.

Tournant numérique ou écologique et social ?

Sur les scénarios de l’après-Covid, le livre est plutôt une réflexion sur le virage nécessaire de l’économie et de l’emploi, avec des visions politiques opposées. Seul point commun aux deux économistes : il faudra tenir compte des inégalités et de l’urgence climatique. Plutôt adepte du libre marché, Stéphanie Villers croit à l’avenir de l’économie numérique, et encourage « à transformer l’essai du télétravail ». Mais face à la robotisation, elle juge aussi inutile de maintenir certaines usines « moribondes » face à la concurrence internationale : les secteurs traditionnels doivent « s’adapter aux évolutions technologiques et requalifier leurs salariés » pour maintenir des emplois locaux. Henri Sterdyniak plaide pour une réelle transition écologique et sociale planifiée par l’État. Il suggère un « droit à la reconversion » des jeunes et des salariés vers ces secteurs, pris en charge par l’entreprise ou une branche, si leur métier disparaissait. Avec des opinions aussi divergentes, la lecture peut frustrer. Mais l’analyse fouillée de la crise est intéressante.

Auteur

  • Lydie Colders