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Benoît Serre Partner au BCG, vice-président délégué de l’ANDRH

Chroniques | publié le : 19.10.2020 |

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Benoît Serre Partner au BCG, vice-président délégué de l’ANDRH

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Optimiste plus que jamais !

La crise que nous traversons et sa gestion sanitaire et médiatique pourrait nous faire penser qu’il n’en sortira que des drames sociaux et économiques. Et pourtant, en y regardant de plus près, elle nous apporte tant d’enseignements positifs, cette « lumière au bout du tunnel ».

Il y a la formidable agilité des entreprises et des salariés pour s’adapter dans un environnement en perpétuel changement. Alors que chacun avait espéré que septembre nous permettrait de retrouver une forme de stabilité, la reprise de l’épidémie mi-août est venue percuter les meilleures intentions. Malgré cela, les organisations se sont adaptées encore une fois. Il y a le télétravail qui demeure un marqueur de cette crise désormais largement acquis comme un mode de travail qui peu à peu se généralise. Cela se fera de manière construite, réfléchie, durable et non comme une réponse à une crise mais comme une avancée de la société du travail. Arrive aussi la révolution du management affirmant enfin que confiance et autonomie font meilleur ménage que « command and control » pour la motivation et l’engagement. Le choc est rude parfois mais nombre d’organisations ont engagé ce chemin.

C’est un enjeu central et complexe qui vient bousculer habitudes, positions acquises et certitudes. Cette remise en cause de la relation au travail comme des relations employeur/employés prolonge mais surtout concrétise un mouvement engagé avec le rapport Notat-Senard et structuré avec la loi Pacte qui vise à transformer l’entreprise dans son rôle et ses responsabilités. La RSE est également touchée puisque, enfin, on prend conscience que la dimension sociale est aussi importante que la dimension environnementale.

Pendant le confinement, nous avons aussi constaté l’évidence : les hommes et les femmes d’une entreprise manquent quand ils ou elles ne sont pas là ! Nous avons vu l’inquiétude de certains à la fin de l’été craignant que leurs collaborateurs ne veuillent pas revenir. Et pourtant que n’avait-on entendu dans les années précédentes sur l’IA et les robots qui au final remplaceraient tout le monde. Certains allaient même jusqu’à imaginer que les DRH seraient remplacés par les machines car après tout un recrutement ce n’est qu’un matching de data !

Que toutes ces réflexions semblent loin désormais. Jamais les entreprises n’ont autant souhaité accélérer leur digitalisation car elle a cruellement manqué à certains pendant le confinement. Mais cette démarche change de nature et d’optique. Elle n’est plus engagée pour remplacer le salarié mais pour lui permettre de mieux travailler dans des conditions individuelles plus favorables. Nous avons enfin pu constater concrètement que la digitalisation est d’abord un atout pour l’Homme et la Femme, qu’elle doit être mise à son service et non à sa concurrence.

Évidemment, cette accélération emporte son lot d’incertitudes et de risques. Les enjeux de formation pour contrecarrer l’obsolescence programmée de certains métiers et de pans entiers de compétences sont fondamentaux. Trop de télétravail pourrait mettre en péril non seulement l’unité de l’entreprise mais aussi la localisation même des emplois.

Enfin, l’entreprise habituée à fonctionner dans une unité de temps, de lieu et d’action – comme une tragédie – oit désormais apprendre à se passer au moins partiellement des deux premiers pour se concentrer sur le sens donné à l’action. C’est une révolution qui s’engage, qui sera longue mais qui porte peut-être en elle une remise en cause de la société du travail comme on n’en a pas connu depuis plus d’un siècle. On la pressentait grâce au digital. On la mettra en œuvre grâce à la crise et pour l’Humain !