En changeant de tutelle voici trois ans, les centres de pré-orientation et de réadaptation professionnelle naguère placés sous l’égide de l’Office national des anciens combattants ont gagné en agilité. Ces 14 structures réparties sur l’ensemble du territoire et Outre-mer sont désormais gérées par l’Établissement public national Antoine Koenigswarter (Epnak), historiquement spécialisé dans l’accueil et l’hébergement de jeunes et d’adultes handicapés. Sous l’impulsion de l’Epnak, les structures prévues pour aider à la réadaptation des blessés de guerre, puis des personnes atteintes de handicaps moteurs, s’ouvrent à un public plus jeune et à un prisme de handicaps plus large. Présentant une expérience professionnelle, les bénéficiaires sont tous désireux de travailler ou de reprendre un emploi.

À Metz, l’Epnak, qui comporte un accueil de pré-orientation et un centre de réadaptation professionnelle (CRP) employant 60 salariés, multiplie les outils innovants pour accompagner la reconversion professionnelle de ses 280 stagiaires. L’établissement ouvrira en novembre prochain la première antenne mobile de France. Dénommée Pamofip, la plateforme d’accompagnement mobile d’orientation, de formation et d’inclusion professionnelle sillonnera le département de la Meuse pour mieux répondre aux besoins des personnes et des entreprises d’un territoire excentré et rural. Une camionnette conçue sur mesure pour accueillir des personnes souffrant de troubles moteurs, auditifs, visuels ou autistiques, ira à la rencontre des publics concernés pour leur dispenser des informations et les orienter vers des formations ou des emplois.

« Nous privilégions de plus en plus les accompagnements hors les murs, plus inclusifs, en nous rapprochant d’organismes de formation extérieurs. Nous réservons nos places en CRP aux situations les plus complexes », explique Gisèle Leclaire, directrice territoriale Nord-Est. D’une durée comprise entre trois et trente mois, la prise en charge globale financée par l’Agence régionale de santé comprend l’accompagnement médical et paramédical, la formation et l’insertion socioprofessionnelle. L’Epnak veille également aux questions de logement et de mobilité qui, non traitées, peuvent devenir des freins majeurs à l’insertion en milieu ordinaire.

Variées, les formations qualifiantes vont du bac pro gestion administrative au brevet de technicien d’études du bâtiment en passant par l’examen de télépilotes de drones. Toutes assorties de stages en entreprise, elles ouvrent aux stagiaires de l’Epnak des débouchés professionnels multiples. Au cours des trois dernières années, environ 300 entreprises et collectivités ont ouvert leurs portes pour des immersions professionnelles qui se soldent fréquemment par des embauches. « Les entreprises font souvent appel à nous dans une optique de recrutement. Durant le confinement, trois assistantes de direction ont été embauchées avant même la fin de leur stage, car elles avaient choisi de se mobiliser pleinement dans l’entreprise d’accueil », témoigne Gisèle Leclaire. Certains salariés ayant quitté leur entreprise parce qu’un handicap préexistant s’était aggravé ont pu la rejoindre après une phase de réadaptation. L’Epnak de Metz a également ouvert dans sa propre enceinte une entreprise adaptée de cordonnerie.

Le renouveau de la réadaptation professionnelle passe également par l’équipement. L’Epnak s’est doté d’une imprimante en braille, de logiciels de synthèse vocale ou de lampadaires spécifiques pour faciliter l’insertion des stagiaires. Habilité en tant que centre de bilan de compétences, l’établissement public s’est également ouvert à la formation de référents handicap, notamment pour les entreprises adaptées ou dans les collectivités territoriales. La cellule de prévention de la désinsertion professionnelle de la caisse d’assurance Alsace-Moselle sollicite régulièrement les services de l’Epnak pour maintenir la motivation de salariés en convalescence qui auront à chercher un nouvel emploi après leur guérison.

Le confinement a contribué à développer de nouvelles pratiques dont certaines ont perduré. Certaines formations continuent ainsi en distanciel pour permettre aux formateurs et aux stagiaires de conserver les compétences numériques acquises dans l’urgence.