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Mobilité : Favoriser les reconversions professionnelles

Le point sur | publié le : 12.10.2020 | L. Z.

Territorialiser, tel est le mot d’ordre du Medef, qui a récemment transmis au ministère du Travail 20 propositions pour faciliter la reconversion professionnelle. Nombre de salariés ont d’ailleurs compris qu’ils devraient changer de métier et de secteur.

Les vingt propositions transmises le 16 septembre dernier par le Medef au ministère du Travail pour faciliter les reconversions professionnelles ont été « bien accueillies », selon Patrick Martin, le président délégué du Medef. « Notre obsession, explique-t-il, c’est, pour éviter les dommages humains, sociaux, psychologiques, de faire en sorte que les salariés dont les emplois sont menacés ne passent pas par la case chômage. » D’autant que la dégradation de la situation économique, si elle devait s’intensifier, viendrait accroître le déficit déjà abyssal des comptes publics… Le patronat propose donc, d’une part, de doter les décideurs nationaux et territoriaux d’outils de diagnostic sectoriel et territorialisé, pour recenser les viviers d’emplois à pourvoir et les emplois menacés, afin d’identifier les mobilités professionnelles à favoriser, territoire par territoire. D’autre part, il souhaite responsabiliser les différents opérateurs mobilisés dans les territoires (Opco, associations paritaires Transitions Pro, opérateurs du CEP, service public de l’emploi…). Et surtout, simplifier les dispositifs qui ne sont pas conçus pour une transition d’un secteur à l’autre.

« La dimension interprofessionnelle est très importante », relève Patrick Martin. Passer de la restauration collective aux soins à la personne doit pouvoir se faire sans difficulté, sous réserve d’obtenir les agréments nécessaires, bien sûr, puisque la nature des emplois, les niveaux de rémunération et de protection des salariés sont grosso modo les mêmes. Le but est donc, « par exemple, de multiplier et d’industrialiser des passerelles, accessibles à toutes les entreprises, et surtout les PME, moins équipées en RH », conclut Patrick Martin. Pour ce faire, le Medef réclame des moyens : du point de vue du patronat, 400 millions d’euros seraient nécessaires. « Une partie des fonds du plan d’investissement dans les compétences pourrait ainsi être fléchée vers les reconversions professionnelles », avance-t-il.

Des salariés de plus en plus intéressés

Au-delà des pouvoirs publics, les propositions du Medef trouveront-elles un écho auprès des entreprises et des salariés ? Jérémy Plasseraud, responsable de l’activité de Maformation.fr, un site qui fait le lien entre candidats et organismes de formation, constate en tout cas un accroissement des demandes.

D’abord parce qu’il n’a « jamais été aussi facile de changer de métier, grâce au compte personnel de formation et aux financements », dit-il. Ensuite, parce que l’idée de s’intéresser à des métiers d’avenir, en fonction de sa vocation, certes, est de plus en plus prégnante. Enfin, le confinement, propice à la réflexion, a incité nombre de salariés à envisager une reconversion, afin de donner plus de sens à leur travail, dans des conditions de stress moindres, le tout sous-tendu par un désir de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle. En outre, fait remarquer Jérémy Plasseraud, « les salariés sont de plus en plus nombreux à chercher, grâce à la formation, à évoluer au sein de l’entreprise ».

Des entreprises comme Bouygues, qui a adopté des outils permettant de détecter les compétences et les soft skills des collaborateurs pour les mettre au service d’un poste complètement différent dans l’une des filiales du groupe, en sont convaincues. Autre constat tiré de l’étude des 10 millions de candidats qui utilisent chaque année la plateforme Maformation.fr, 50 % d’entre eux sont salariés et non pas demandeurs d’emploi, et parmi eux, 20 % ont plus de 40 ans. Signe qu’à l’intérieur d’une entreprise ou dans un nouveau secteur d’activité, pour les Français, pourtant réputés conservateurs, nécessité fait loi…

Les formations les plus recherchées sont dans le numérique, mais aussi, et surtout depuis la pandémie, dans le médico-social, ainsi que dans le BTP, qui repart aujourd’hui, selon les observations de Jérémy Plasseraud. Enfin, alors qu’avant la Covid-19, 78 % des candidats privilégiaient le présentiel, le distanciel a maintenant le vent en poupe. Grâce à la vidéo, on peut se former à tout à distance – même passer un CAP de coiffeur, de boulanger ou de mécanicien ! L’image du chef de pub qui opte pour un métier manuel, porteur de sens et d’avenir, ou celle d’un professionnel de l’aéronautique qui se reconvertit dans le bâtiment ou l’agro-alimentaire, serait donc plus que jamais d’actualité…

Auteur

  • L. Z.