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États-Unis : Une Américaine sur quatre envisage de quitter son emploi

L’actualité | Internationale | publié le : 12.10.2020 | Lys Zohin

Women in the Workplace, le rapport annuel publié par le cabinet de conseil McKinsey avec l’organisation LeanIn, est particulièrement alarmant cette année sur les États-Unis. Réalisée auprès de 317 entreprises, qui emploient plus de 12 millions de salariés, l’étude montre qu’une femme sur quatre envisagerait, dans le sillage de la crise sanitaire, de quitter son emploi ou de réduire ses activités professionnelles. Au point que les chercheurs s’inquiètent de cet exode annoncé, qui pourrait effacer les progrès des femmes dans le monde du travail. « En une année seulement, la crise sanitaire pourrait réduire à néant six années d’avancées, en particulier pour des millions de femmes en position de leadership », s’alarme Rachel Thomas, co-auteure du rapport et présidente de LeanIn.

Parmi les femmes leaders dans les entreprises qui déclarent envisager de sortir du marché de l’emploi ou de réduire leurs activités, près de trois sur quatre avancent comme raison principale le burn-out. Ce qui s’explique en partie, selon les auteurs du rapport, par le fait que ces dernières quand elles ont des enfants – et elles sont plus nombreuses à en avoir, compte tenu de leur âge, que les débutantes – ont été trois fois plus souvent susceptibles que les hommes de réaliser la majorité des tâches liées au foyer et aux enfants au cœur de la pandémie. De manière générale, les mères qui travaillent ont indiqué qu’elles avaient accompli vingt heures d’activités supplémentaires pour le foyer et les enfants pendant le confinement, en plus de leurs traditionnelles 40 heures de travail hebdomadaires. En outre, les mères ont été deux fois plus nombreuses que les pères à s’inquiéter de leur performance au travail, qui pouvait être jugée moindre du fait de ces responsabilités familiales accrues.

Un impact sur l’entreprise

Le rapport Women in the Workplace met également en garde contre l’impact que pourrait avoir la perte des femmes à un niveau senior sur les autres, à toutes les étapes de leur carrière. En effet, ces femmes leaders sont en général plus enclines à militer pour l’égalité hommes/femmes, à servir de mentor pour d’autres femmes et à soutenir l’égalité raciale, explique l’étude. « Il est donc très important pour les organisations de tenter de les retenir, estime Rachel Thomas. Ce n’est pas juste une question de chiffres, mais aussi d’impact sur les entreprises. Nous savons que plus il y a de femmes à des niveaux de fortes responsabilités, plus les entreprises enregistrent de bons résultats financiers. »

Le rapport met aussi l’accent sur le barreau d’échelle manquant, autrement dit, le fait que les femmes sont encore trop souvent ignorées lorsqu’il s’agit de les promouvoir à l’échelon supérieur dans l’entreprise. Un phénomène déjà décrié dans le rapport de l’an dernier. Pour 100 hommes promus comme managers, seules 85 femmes l’ont été dans les entreprises étudiées, selon les données 2020. Le fossé est encore plus large si l’on prend les femmes issues des minorités : pour 100 promotions masculines, les chiffres donnent seulement 71 promotions de femmes hispaniques et 58 de femmes noires. À cet égard, les femmes noires déclarent également se sentir moins soutenues dans l’entreprise, et ce, malgré les nombreuses initiatives annoncées par les organisations pour s’allier au mouvement Black Lives Matter. Seul un quart des femmes noires ont ainsi déclaré que leur manager s’était enquis de leur état d’esprit dans le sillage des protestations contre la violence policière, de même qu’elles sont moins nombreuses à estimer que leur hiérarchie cultive un environnement inclusif. L’étude montre enfin que les femmes noires ont été deux fois plus nombreuses à déclarer que le décès d’un proche dû au nouveau coronavirus avait été un défi à relever, une preuve supplémentaire de la disparité entre Blancs et Noirs quant à l’accès à la santé aux États-Unis. Seul point de progrès noté dans l’étude de cette année : depuis six ans, la proportion de femmes à des postes à responsabilités a crû de 17 % en 2015 à 21 % en 2020.

Auteur

  • Lys Zohin