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Le fait de la semaine

RSE : L’aidance concerne un salarié sur cinq

Le fait de la semaine | publié le : 05.10.2020 | Lys Zohin

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RSE : L’aidance concerne un salarié sur cinq

Crédit photo Lys Zohin

À l’occasion de la Journée des aidants, le 6 octobre, un livre blanc comportant dix propositions pour une meilleure gestion de l’aidance en entreprise, dont la création d’un statut de salarié aidant, est rendu public. Le phénomène, qui concerne deux salariés sur dix, est appelé à s’amplifier. Et il impacte la performance de l’entreprise dans son ensemble.

La Journée des aidants, le 6 octobre, va être l’occasion de montrer que ce sujet est devenu un phénomène de société très large, qui concerne directement les entreprises. Soutenus par l’Ocirp (qui regroupe des institutions de prévoyance), plusieurs acteurs – Interfacia, une organisation spécialiste de la gestion de l’aidance en entreprise, Tilia, une plateforme d’accompagnement pour les aidants, Responsage, expert en salariés aidants et en accompagnement social, et le Lab RH – ont mené, par le biais d’Olystic, spécialiste des enquêtes auprès des collaborateurs, une nouvelle étude – « Aider et travailler 2020 » – sur l’aidance en entreprise, afin d’en mesurer les impacts quantitatifs et qualitatifs. « Gérer l’aidance est nécessaire pour les salariés eux-mêmes, mais également pour l’entreprise dans son ensemble », souligne Gabrielle Guèye, fondatrice d’Interfacia. Car l’impact est plus large que la seule charge que représente ce rôle d’aidant pour un salarié. En France, 5 millions de personnes aident un membre de leur famille, et un salarié sur cinq. Selon le premier baromètre sur les salariés aidants de l’Observatoire solidaire de La Mutuelle générale, leur nombre devrait atteindre un quart de la population active française d’ici 2030. En outre, si 39 % des salariés aidants s’occupent d’au moins deux personnes dépendantes (une augmentation de 19 points par rapport à l’étude identique réalisée en 2017), la moitié des salariés pourraient devenir « double aidant » dans les prochaines années, estiment les auteurs de « Aider et travailler 2020 ».

Demande des non-aidants

Parmi eux, huit salariés aidants sur dix se disent impactés dans leur travail au quotidien. Plus des trois quarts (77 %) parlent de leur situation sur leur lieu de travail : 49 % le font avec leur manager, tandis que 30 % s’adressent directement à leur DRH, notamment dans le but d’aménager leur temps de travail – une solution envisagée par 45 % des personnes interrogées, soit une augmentation de 18 points depuis la précédente enquête de 2017. En revanche, le baromètre de La Mutuelle générale révèle que sept salariés en situation d’aidant familial sur dix ne l’ont pas déclaré à leur employeur. Si leur situation est pesante, voire pénalisante dans leur travail, elle a, ne serait-ce qu’en raison des aménagements du temps de travail ou de l’absentéisme lié à leur charge d’aidant, un impact sur le reste des équipes, collègues de travail comme managers. D’autant que l’aidance s’effectue généralement sur un temps long : les salariés aidants sont 65 % à accompagner un proche pendant plus de six ans et près de 39 % pendant plus de dix ans. Une situation que peut difficilement ignorer l’entourage professionnel. D’ailleurs, plus de 20 % des non-aidants affirment, selon l’étude, compter au moins un aidant dans leur équipe et 11 % de ceux-ci en comptent plusieurs. Enfin, la moitié des collègues et managers d’un aidant se disent impactés. Ces derniers considèrent, à ce titre, que l’entreprise doit jouer un rôle d’accompagnement.

La quasi-totalité des collaborateurs non aidants (97 %) estiment qu’il est important que leur entreprise mette en place des solutions concrètes pour faire face à cette situation. C’est 15 points de plus que lors de l’étude de 2017.

Cette demande des salariés traduit la perception individuelle qu’un jour ou l’autre, ils seront aidants eux aussi (70 % indiquent ainsi qu’ils deviendront probablement ou certainement aidants eux-mêmes au cours des cinq prochaines années). Toutefois, le baromètre de La Mutuelle générale indique que la solidarité entre salariés est relative. Même s’ils sont 65 % à envisager de pouvoir faire un don de RTT au profit de collègues salariés aidants, seuls 30 % des salariés pensent qu’il est dans leur rôle de s’engager pour améliorer la situation des aidants familiaux exerçant une activité professionnelle.

Dialogue social

Que peuvent faire les entreprises dans ce domaine ? « Compte tenu de la complexité et des difficultés que rencontrent les collaborateurs aidants pour allier vie professionnelle et responsabilités liées à leur rôle, il est crucial que les entreprises adaptent leur stratégie RH pour une organisation plus inclusive et préventive, en intégrant des dispositifs pour alléger le quotidien de ces salariés », déclare Christine Lamidel, fondatrice et directrice de Tilia. Les différents acteurs qui rendent public le livre blanc sur l’aidance à l’occasion de la journée du 6 octobre proposent plusieurs pistes d’action, la principale étant la création d’un statut de salarié aidant. « Cette proposition pourrait faciliter une prise de conscience individuelle et collective, en faveur d’une inclusion équitable et durable des salariés aidants », estiment les auteurs du livre blanc. La Mutuelle générale appelle de son côté à la création d’un certificat de salarié aidant, constituant « une reconnaissance formelle de la situation particulière des salariés concernés ». Par ailleurs, le livre blanc sur l’aidance recommande également de développer une expérimentation pour l’accompagnement des aidants actifs à la reprise d’une activité professionnelle – de nombreux aidants devant quitter leur emploi pour assumer leurs tâches auprès de leurs proches fragilisés. En outre, ils souhaitent encourager le dialogue social, afin que les aides concrètes aux salariés concernés (services d’accompagnement, répit, formation, dispositifs de prévention et de détection des situations à risques…) soient généralisées, de même qu’ils préconisent une amélioration de l’indemnisation du congé de proche aidant entré en vigueur le 1er octobre, et enfin, une intégration des engagements des employeurs sur l’aidance dans les rapports RSE, QVT, diversité ou bien-être.

De nouvelles compétences acquises

Si nombre de salariés aidants considèrent que l’aidance a un impact négatif sur leur travail, les tâches qu’ils effectuent dans le cadre de leur soutien à un proche développent également des atouts qu’ils peuvent mettre au service de l’entreprise. Ils sont ainsi 82 % à considérer avoir acquis de nouvelles compétences grâce à leur situation. D’abord, ils doivent être particulièrement bien organisés pour jongler entre tâches professionnelles et personnelles. Et donc efficaces dans la gestion de projets, par exemple. S’ils doivent s’adresser à un enfant autiste ou à une personne atteinte d’Alzheimer, ils développent également une écoute et une aisance dans la communication qui ne peuvent qu’être bénéfiques dans les relations professionnelles. Sans oublier qu’ils acquièrent également de la résilience, qui peut se révéler utile pour l’entreprise. Selon l’étude « Aider et travailler 2020 », la moitié des aidants interrogés considèrent que l’aidance a un impact positif sur leur vie professionnelle. Un chiffre en hausse de 24 points par rapport à l’étude de 2017.

Auteur

  • Lys Zohin