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« Il est essentiel de sécuriser les embauches de travailleurs intérimaires »

Le point sur | publié le : 28.09.2020 | A. F.

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« Il est essentiel de sécuriser les embauches de travailleurs intérimaires »

Crédit photo A. F.

Alors que le secteur de l’intérim paie un lourd tribut à la crise sanitaire, Isabelle Eynaud-Chevalier présente ses propositions pour encourager les entreprises à recourir au travail temporaire et faciliter le retour en emploi de ces salariés fragilisés.

En période de crise sanitaire, quel rôle peut jouer le secteur de l’intérim ?

Dans un contexte de crise sanitaire durable, les entreprises manquent de visibilité et hésitent à engager des salariés en CDD ou en CDI. Elles préfèrent se tourner vers les agences de travail temporaire qui portent à leur place les risques du recrutement. Si l’on veut relancer l’emploi et l’économie, c’est essentiel d’encourager et de sécuriser les embauches de travailleurs intérimaires. Avec les partenaires sociaux, notre fédération a signé l’accord de branche du 10 juillet 2020 qui avance des préconisations pour assouplir le recours à l’intérim notamment en créant un motif « reprise Covid-19 ». Actuellement, c’est complexe de justifier d’un accroissement de la production, alors qu’elle n’a pas retrouvé son niveau d’avant confinement, et d’un remplacement de salariés permanents. Lorsque ses salariés sont en chômage partiel, ils sont sous-employés, et la société n’a pas le droit de recruter des intérimaires. Dans la pratique, elle peut avoir besoin ponctuellement du renfort de compétences spécifiques immédiatement disponibles. Face à une urgence, c’est plus facile de faire intervenir en opération coup de poing un intérimaire que de rappeler au pied levé un salarié en chômage partiel.

Quels sont les impacts de la crise sanitaire sur les salariés intérimaires ?

Malheureusement, derrière les 450 000 emplois détruits pendant le confinement, il y a des réalités humaines. Les intérimaires qui ont vu leur contrat s’éteindre ont bénéficié du dispositif d’activité partielle jusqu’à la fin de la durée initiale de leurs missions puis l’assurance chômage a pris le relais s’ils remplissaient les critères d’indemnisation. Au fur et à mesure de la reprise, le réflexe des agences de travail temporaire a été de les appeler pour trouver des solutions et tenter de les repositionner en activité. C’est encore plus vrai pour les personnes en CDI intérimaire, une formule qui a joué son rôle protecteur face à une crise violente et inattendue. Pour les autres, nous appelons les pouvoirs publics à supprimer le délai de carence et à autoriser le renouvellement des missions jusqu’à quatre fois. Actuellement, les entreprises ne peuvent pas embaucher à nouveau sur un même poste un intérimaire qui a donné entière satisfaction si elles ne respectent la règle du tiers-temps après une mission de plus de quinze jours. Elles sont contraintes de s’en séparer et l’intérimaire doit retourner s’inscrire à Pôle emploi. C’est absurde en termes de sécurisation des parcours professionnels.

Après la crise sanitaire, l’intérim peut-il être un tremplin vers l’emploi pour les publics fragilisés ?

Depuis le déconfinement, de nouvelles personnes viennent taper à la porte des agences d’intérim, car elles rencontrent des problèmes financiers et doivent trouver rapidement un emploi. Le rôle des agences de travail temporaire est de placer ces travailleurs en mission dans leur champ professionnel ou de les intégrer dans un cursus de formation, tel que des préparations opérationnelles à l’emploi (POEC), qui les aidera à acquérir des aptitudes utiles pour exercer dans des secteurs moins touchés par la crise. Notre branche a lancé dans les territoires un gros travail de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) sur une dizaine de métiers en pleine transformation et qui présentent des enjeux importants pour l’avenir. L’objectif est d’évaluer l’écart entre les compétences détenues par les intérimaires et celles exigées par les recruteurs du bassin d’emploi afin de mettre en place des mesures pour le combler et d’éviter que des intérimaires soient pénalisés par l’évolution des métiers. Après la crise sanitaire, l’intérim doit être, au contraire, un levier pour faciliter le retour au travail des plus vulnérables, et notamment des jeunes et des seniors.

Auteur

  • A. F.