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Le fait de la semaine

Expertise : La crise fait la part belle au management de transition

Le fait de la semaine | publié le : 21.09.2020 | Lys Zohin

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Expertise : La crise fait la part belle au management de transition

Crédit photo Lys Zohin

Crise économique oblige, les managers de transition vont désormais être sollicités par les entreprises pour gérer l’impact de la pandémie sur les affaires, en explorant notamment de nouvelles orientations stratégiques. Dans sa première édition européenne, rendue publique le 17 septembre, le cabinet Robert Walters dresse un tableau des missions, des profils des managers de transition et de leur coût.

La mission de Jérôme Gasquet, manager de transition à temps partiel chez GT Logistics, a évolué. S’il est arrivé, en novembre 2019, pour seconder Éric Sarrat, président fondateur de l’entreprise, lors de son traitement contre le cancer, il doit aujourd’hui « faire grandir le comité de direction pour que ce dernier réoriente les activités de l’entreprise ». Spécialisée dans les flux industriels pour l’automobile et l’aéronautique, la société a été très affectée par la crise. « Lors de discussions avec d’autres patrons du même secteur, je me suis aperçu que ceux qui résistaient le mieux avaient une clientèle plus diversifiée, notamment dans l’agro-alimentaire », précise Éric Sarrat. Une idée à retenir. De même, ajoute-t-il, « nous cherchons désormais à développer nos activités dans le secteur de la logistique autour de la santé ». Jérôme Gasquet est chargé d’organiser la réflexion stratégique et d’animer le codir à cet effet. « Ce qu’il fait très bien, alors que je suis plutôt un impulsif », confie Éric Sarrat. De plus, un apport extérieur, auprès de directeurs en poste depuis plusieurs années ou membres de la famille, est un plus. « Et le fait que je reste plus longtemps qu’un expert de cabinet de conseil me permet d’explorer des solutions en harmonie avec l’ADN de la société et de constater l’impact des décisions sur le terrain », précise Jérôme Gasquet, qui peut rester jusqu’à trois ans, à temps partiel, dans une entreprise. Un positionnement quelque peu atypique. Car les managers de transition sont par définition « intérimaires », et leur mission relativement courte.

Un apport reconnu

Selon la première édition européenne d’une étude du cabinet Robert Walters, rendue publique le 17 septembre et menée auprès de plus de 2 000 managers de transition à travers l’Europe par le biais d’un questionnaire, associé à des données allant jusqu’en août 2020, la durée moyenne d’une mission est, dans 75 % des cas, de moins de 12 mois et dans 25 %, de plus d’un an. Cela dit, « nous avons noté des prolongements de missions ces derniers temps », précise Grégoire Cabri-Wiltzer, vice-président de France Transition (l’association des professionnels du secteur) et président de Nim, un cabinet spécialisé dans le management de transition. À cela s’ajoute le fait que le périmètre des missions a parfois été élargi récemment, et surtout, qu’aucune mission n’a été interrompue pendant le confinement. « Les managers de transition ont été mis en télétravail comme les autres », indique-t-il. Autant de signaux forts, selon lui, que leur apport est reconnu par les entreprises. Cependant, ce professionnel estime qu’il est encore trop tôt pour parler de tendances lourdes, en particulier dans les missions, pour les faire évoluer vers une réorientation stratégique des activités des entreprises, de même qu’il n’a pas constaté de demande accrue, pour l’instant, pour la gestion de plans de licenciements ou de redressement. « Mais il existe une certaine inertie dans les entreprises, d’autant que nombre d’entre elles sont encore KO debout et pensent surtout à gérer le quotidien. La question d’une stratégie de long terme viendra ensuite », explique-t-il.

Avec la généralisation du télétravail, Grégoire Cabri-Wiltzer note un accroissement des demandes de management de transition en matière de digitalisation, de même que de sécurité informatique. En outre, face aux difficultés que connaissent les entreprises, en particulier sur leur trésorerie, elles sont pour l’heure fortement demandeuses de DAF.

Tarifs en hausse

Au point que les prix montent. Selon l’étude Robert Walters, « l’évolution des taux entre 2019 et 2020 (pré ou post-Covid-19) reflète les fonctions en tension, qu’il s’agisse de pénurie d’experts ou d’enjeux critiques pour les entreprises. Les taux journaliers des directeurs de la trésorerie (+38 % entre les taux 2019 et les taux à août 2020), directeurs comptables (+24 %) et directeurs de la restructuration (+20 %) ont connu les plus fortes progressions ». « Déjà recherchés avant la crise, les trésoriers ont été très sollicités depuis mars et le seront encore pour préserver l’enjeu vital du cash dans les entreprises, indique Karina Sebti, managing director de Robert Walters Management de transition en France. Les DRH experts en droit social seront aussi fortement mobilisés pour préparer les inéluctables plans sociaux et la mise en place de nouvelles formes d’organisation du travail. » Alors que les managers de transition étaient traditionnellement appelés pour des missions de transformation de type croissance externe ou digitalisation, « ils vont désormais l’être pour de la gestion de crise, avec une multiplication prévisible des cessions/acquisitions et des redressements. Depuis fin août, nous recevons de nombreuses demandes en ce sens », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, l’étude Robert Walters met en lumière certaines évolutions structurelles. D’abord, les managers de transition rajeunissent : un sur trois en Europe a maintenant moins de 50 ans. Ensuite, ils sont effectivement de plus en plus demandés, à l’image des 59 % de managers de transition qui enchaînent les missions les unes après les autres, et, en tout cas, n’attendent jamais plus de trois mois entre chaque mission. Enfin, tous, en Europe, sont satisfaits d’avoir choisi ce statut. Pour l’indépendance et l’autonomie qu’elles offrent, 78 % préfèrent ces missions d’intérim de haut vol plutôt qu’un poste fixe dans une entreprise. De même, 82 % sont satisfaits en raison de la confiance que place en eux la direction de l’entreprise et 75 % apprécient le fait que leurs missions leur donnent l’occasion de travailler sur des projets passionnants. Les sujets ne manquent pas : pour évoluer vers une croissance plus respectueuse de l’environnement et plus vertueuse au point de vue social, voire pour se réinventer face à la crise, les entreprises pourraient effectivement faire davantage appel à ces managers de transition.

Fonctions les plus recherchées en France et tarifs journaliers

Direction générale : 1 600 € à 4 500 €

Directeur de la restructuration : 1 600 € à 4 500 €

Directeur financier : 1 300 € à 2 500 €

Directeur juridique : 1 500 € à 2 500 €

Directeur des systèmes d’information : 1 200 € à 2 500 €

Directeur des ressources humaines : 1 600 € à 2 100 €

Directeur de la trésorerie : 1 300 € à 1 800 €

(Source : Robert Walters)

Auteur

  • Lys Zohin