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Formation : Pôle emploi sensibilise ses conseillers à l’illettrisme

L’actualité | publié le : 21.09.2020 | Catherine Abou El Khaïr

À l’occasion de la 7e édition des Journées nationales d’action contre l’illettrisme qui se sont terminées le 13 septembre, les conseillers Pôle emploi de l’agence de Carvin (Pas-de-Calais) ont été invités, le 8 septembre, à évoquer ce sujet encore tabou, mais auquel ils sont confrontés dans leur quotidien. Dans les Hauts-de-France, l’illettrisme concerne 11 % des demandeurs d’emploi, contre 7 % des 16-65 ans en France, selon l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme. Plutôt expérimentés, la dizaine de conseillers réunis dans une salle de l’agence détectent l’illettrisme de certains demandeurs d’emploi, quand ces derniers leur demandent de lire un document ou qu’ils refusent de communiquer par e-mail… Si le sujet est moins tabou aujourd’hui selon certains, il subsiste toujours une part de déni. « Soit ils se braquent, soit ils en parlent », résume une conseillère. La détection reste en tout cas un enjeu clé. Car les personnes illettrées « sont des personnes qui se débrouillent, mais cachent le fait de ne pas savoir lire ou écrire », souligne Ourida Farhi, la formatrice de l’association Culture & Liberté venue parler d’illettrisme.

Un handicap au quotidien

Par-delà le constat, les conseillers cherchent la bonne réaction : Ourida Farhi l’annonce d’emblée : « Il n’y a pas de solution miracle. Ce sont avant tout des personnes qui ne maîtrisent pas le code de l’écrit », résume-t-elle. Ce manque constitue un handicap au quotidien. Une conseillère souligne que lors des sessions de méthodes de recrutement par simulation, qui visent à recruter sans CV et sur la base des habiletés, ces personnes ne comprennent pas toujours les consignes écrites, malgré de bonnes compétences d’exécution. D’autres s’absentent des réunions d’information de Pôle emploi, redoutant de remplir des questionnaires. L’illettrisme, aussi, bloque les évolutions professionnelles.

Pourtant, malgré ces obstacles, il est difficile de convaincre de se former. En dépit de leur illettrisme, certaines personnes considèrent qu’elles arrivent à se débrouiller. Un conseiller rapporte le cas d’un demandeur d’emploi qui « a fini chef d’équipe dans le nettoyage », réussissant « par des substituts divers et variés » à s’appuyer sur un subordonné concernant toutes les démarches écrites et sur sa femme pour les questions plus personnelles. Malgré les encouragements du conseiller à surmonter son illettrisme, « sa solution à lui n’était pas de monter en compétences », regrette-t-il. « Le travail que vous avez à faire, c’est le diagnostic. La conscientisation va prendre du temps. Il faut amener ces personnes à se questionner », répond Ourida Farhi. C’est moins simple pour les hommes, davantage dans l’opérationnel, que pour les femmes qui seraient davantage réceptives à ces opportunités de formation. Ne serait-ce que pour mieux aider, par exemple, leurs enfants dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Pour Ourida Farhi, l’enjeu est de faire percevoir les opportunités de l’acquisition de la lecture et de l’écriture pour faciliter la vie quotidienne. L’acquisition d’un diplôme peut par exemple permettre de restaurer la confiance en soi. De ce point de vue, le certificat Cléa est à son sens particulièrement prometteur. Destiné aux non-diplômés, ce titre interprofessionnel créé en 2015 valide une série de compétences de base (s’exprimer, utiliser un ordinateur, travailler en équipe, avoir l’envie d’apprendre, travailler seul, maîtriser les règles de base, calculer et raisonner). De plus en plus d’organismes de formation s’habilitent pour pouvoir le délivrer.

Auteur

  • Catherine Abou El Khaïr