Entre les restrictions sur les entrées des expatriés en raison du coronavirus, les exclusions des sociétés étrangères de secteurs stratégiques et les menaces de représailles que Pékin agite – ou met en place vis-à-vis d’autres pays qui se sont positionnés en faveur des droits des Ouïghours ou des Hongkongais –, les quelque 1 700 membres de la Chambre de commerce européenne ont bien des sujets d’inquiétude. Dans un commentaire attaché au rapport annuel de la Chambre, rendu public la semaine dernière et établi à partir des contributions et des commentaires des membres, Joerg Wuttke, président de la Chambre, a souligné les dangers des tensions actuelles entre l’Europe et la Chine. « Dans un environnement de plus en plus politisé », les entreprises européennes s’inquiètent d’être « arbitrairement punies », a-t-il déclaré. Le rapport cite en exemple les droits de douane de 80 % imposés en mai dernier par la Chine sur les importations d’orge en provenance d’Australie, dans le sillage de tensions politiques entre les deux pays, tuant par là même ce commerce. En outre, « la liste des secteurs dans lesquels les investissements étrangers sont limités par Pékin, comme les énergies renouvelables, les télécoms et les industries de la tech, ou qui bénéficient du soutien des autorités à tel point que cela annihile toute concurrence européenne potentielle ne cesse de s’allonger », souligne le rapport. Sans compter une bureaucratie telle qu’elle fait obstacle à une concurrence réelle dans d’autres secteurs, comme la banque et l’assurance… Si les entreprises européennes n’hésitent généralement pas à faire entendre leur voix auprès des gouvernements dans leur pays d’origine, cette fois-ci elles sont, disent-elles, et dans un contexte de crise sanitaire et économique, « laissées seules pour traverser un champ de mines politique », assure le rapport.