Olivier Carlat (Veolia) : Avec le recul, la décision de mettre en place un dispositif massif d’activité partielle adapté m’a paru essentielle pour faire face à la crise. Elle va dans le sens d’une meilleure protection et d’une volonté de préserver l’emploi et les compétences autant que possible. Il s’agit maintenant pour les autorités d’accompagner le redémarrage des activités, avec, entre autres, un soutien à l’apprentissage et un investissement dans les compétences qui seront nécessaires demain. Par ailleurs, il serait intéressant de trouver une articulation en matière de prêts de main-d’œuvre, de même que de transposition des compétences. Enfin, les plans d’accompagnements et de mobilités devront également être lancés à l’échelle locale. Des dispositions viennent d’être prises, elles vont, de mon point de vue, dans le bon sens, elles devront se poursuivre et garder l’esprit de souplesse qui a prévalu sur certains dispositifs.
Serge Derick (BPCE) : Dans le domaine RH, nous avons déjà été bien servis, ne serait-ce qu’avec la loi Pacte. Nous disposons d’une palette d’innovation sociale très large, de même que de nouvelles ordonnances sur la formation professionnelle. Seuls nos accords collectifs seraient sans doute à toiletter pour tirer parti de toutes ces opportunités déjà offertes.
Dominique Laurent (Schneider Electric) : L’État ne va pas pouvoir tout subventionner. Il a bien joué son rôle, mais il va falloir renvoyer les entreprises à leurs responsabilités. En revanche, l’État doit orienter ses aides sur des actions qui allient mesures conjoncturelles et accélération des transformations nécessaires. Les aides de l’État doivent aussi être appréhendées comme des investissements, elles doivent adresser des transformations, je pense notamment à la transition énergétique. L’État doit aussi ne pas trembler. Il faudra maintenir une dynamique de flexibilité. Revenir sur les ordonnances Macron comme on l’entend parfois aujourd’hui n’est pas la solution. La flexibilité va être essentielle pour passer les moments difficiles. L’accord de performance collective est là pour ça, mais il nécessite un accord et suppose des contreparties difficiles à trouver. Il va falloir définir des cadres légaux moins contraignants.
Xavier Chéreau (PSA) : Il faut de la souplesse et de la confiance en laissant de la marge aux sociétés. L’entreprise doit être agile et s’adapter à son environnement avec ses partenaires pour prendre les mesures au plus près du terrain. C’est l’exemple du protocole que nous avons déployé dès le premier jour en Chine en janvier, qui comporte plus de cent mesures et qui en est à sa cinquième ou sixième version. Il faut faire confiance à la responsabilité des entreprises qui sont tout à fait à même de gérer ce genre de situation. Les ordonnances Macron allaient dans ce sens en privilégiant les accords d’entreprises pour qu’elles puissent tenir compte de leurs spécificités.