Jérôme Leparoux (Daher) : La crise économique a succédé à la crise sanitaire. Il va falloir se montrer créatif, pour faire face à un choc d’une ampleur sans précédent dans notre secteur et pour l’économie en général. Certains ont fait la comparaison avec 1929… Comme les autres, nous allons devoir réorganiser et ajuster l’entreprise pour réagir à des baisses d’activité très fortes, et malheureusement durables.

Sylvie Peretti (Generali) : La pandémie est arrivée précisément au moment de notre campagne de recrutement annuelle d’alternants. À la suite de l’annonce du confinement, nous l’avons stoppée durant une quinzaine de jours avant de la relancer, car si nous ne recrutions pas à ce moment, nous n’aurions eu personne en septembre. Habituellement, notre effectif compte 300 alternants sur 7 000 salariés, soit 5 % du total. Nous devrions rester sur ce ratio l’an prochain. De plus, pour l’instant, aucun des CFA de notre réseau ne nous a fait part de difficultés particulières. Concernant les CDD et les intérimaires, ceux qui travaillaient déjà dans l’entreprise sont restés, mais nous risquons tout de même de moins recourir au travail temporaire. Par les temps qui courent, recruter des intérimaires sur des contrats d’un mois ou moins n’aurait aucun sens. Les CDI à qui une promesse d’embauche avait été faite ont été recrutés même s’il a été difficile de les intégrer compte tenu de la situation de confinement imposant le travail à distance. Difficile de s’adapter pour un jeune qui arrive en entreprise… Mais dès le retour à la normale, nous recruterons à nouveau. Nos métiers attirent de hauts profils dans les domaines de l’IT ou de la data science et nous ne souhaitons pas gâcher ce potentiel.

Dominique Laurent (Schneider Electric) : Hormis le report du plan NAO, le comité exécutif a fait don d’une partie significative de sa rémunération (fixe et variable) et 90 % des N-1 du comité exécutif de Schneider Electric à travers le monde ont accepté, sur la base du volontariat, une baisse de leur rémunération de 10 % de mai à août. Mais il n’y a pas d’autres mesures sur les rémunérations parce que nous considérons qu’y toucher de façon durable revient à contourner des problèmes de coûts qu’il faut traiter structurellement. Aucun plan n’est à l’étude chez Schneider Electric. La crise nous a amenés à mettre en pause la négociation de certains accords de performance collective qui étaient censés accompagner le déploiement de la stratégie industrielle du groupe et nous verrons s’il y a lieu de les rouvrir et d’en signer.

Marine Henin-Duprez (Bonduelle) : Nous avons une forte activité au moment des récoltes qui requiert le recours à une main-d’œuvre saisonnière désormais fidélisée qui se représente à près de 80 % chaque année. Le recours au personnel temporaire n’a donc pas particulièrement pâti de la crise. De même pour les CDD et les stages : ceux qui étaient en cours au moment où le confinement est survenu ont été conservés. Les autres ont été maintenus avec un démarrage décalé dans le temps. Les contrats que nous avions passés avec plusieurs fournisseurs agricoles n’ont pas été revus à la baisse lors de la crise, certaines réductions étant globalement compensées par des augmentations. Nous n’avons rien changé à nos relations avec eux.

Xavier Chéreau (PSA) : Certains constructeurs automobiles ont annoncé des suppressions d’emplois. Pour notre part, nous avons mis en place des mesures permettant de réduire les coûts, par exemple sur l’immobilier. Il est préférable de réduire les coûts sur l’immobilier non utilisé que de réduire l’emploi. Cette gestion rigoureuse des coûts fixes nous permet de traverser cette crise. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans une logique de plans concernant l’emploi. L’entreprise est pilotée et nous parvenons à traverser la crise de manière efficiente et responsable au regard de nos résultats.