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Les DRH au cœur de la crise

Pensez-vous modifier l’organisation du travail dans votre entreprise ?

Les DRH au cœur de la crise | Les suites de la crise | publié le : 14.09.2020 |

Dominique Laurent (Schneider Electric) : Notre politique sur les nouvelles façons de travailler (New Ways of Working) venait d’être déployée au niveau mondial. Il est possible que nous soyons amenés à ajuster ce dispositif. Aujourd’hui, on rouvre ce chantier. L’immobilier d’entreprise va faire face à une crise des usages. Nous allons devoir repenser le télétravail, la présence au travail, les espaces de travail.

Marine Henin-Duprez (Bonduelle) : La séquence de la crise a été synonyme de regain de confiance, de rapidité dans la prise de décision, de changement dans nos routines et de remise en question de certaines barrières mentales que nous nous étions imposées à nous-mêmes, et avons sans doute hérité du passé. Voir des commerciaux se proposer spontanément pour travailler en usine ou des partenaires sociaux accepter de mettre de côté le formalisme du dialogue social au profit d’un mode de décision accéléré, efficace et centré sur les priorités, dans un dialogue quotidien constitue une nouveauté. Il nous appartient de capitaliser sur les expériences acquises pendant cette crise pour tenter d’en tirer le meilleur ! Car, a contrario, le pire qui puisse nous arriver après cela serait de voir le « business as usual » reprendre ses droits et certaines anciennes mauvaises habitudes se réinstaller. J’insiste, mais nous avons pu voir se mettre en place de façon spontanée des choses formidables, même si certaines d’entre elles peuvent paraître au mieux anecdotiques. Cela n’a l’air de rien, mais organiser une conf call avec un salarié qui apparaît à l’écran avec son enfant en bas âge sur les genoux participe à la création d’une connivence qui n’aurait jamais pu exister dans un environnement de travail plus classique. C’est une forme de bousculement des habitudes susceptible de faire tomber certaines barrières.

Olivier Carlat (Veolia) : La modification est déjà là, du fait des protocoles de santé dans certaines activités et certains chantiers, que ce soit sur le nombre des tournées à effectuer pour les collectes de déchets ou de salariés pour une opération. Avec des conséquences en matière de productivité. Nous réfléchirons aussi le temps venu sur les enseignements du télétravail.

Frédérique Giavarini (Fnac-Darty) : Il semble déjà acquis qu’il y aura une accélération de la digitalisation de la consommation et que ce changement sera durable. Notre modèle omnicanal qui intègre web et magasins est conforté. Nous allons mener une conduite du changement qui va accélérer les tendances pré-existantes : télétravail, évolution des modes de management, digitalisation des outils de travail et généralisation des outils collaboratifs.

Jean Agulhon (RATP) : Nous avions démarré un projet de réhabilitation de notre siège social, avant la crise, que nous allons devoir réajuster. L’augmentation du nombre de télétravailleurs va nous amener à faire évoluer notre façon de gérer l’empreinte tertiaire. Ce projet faisait la part belle à ce qu’on appelle les espaces dynamiques, avec moins de postes de travail attitrés et davantage dédiés à des natures d’activités qui peuvent évoluer au cours de la journée. Or, nous nous rendons compte à présent que le nombre de postes destinés au travail collaboratif devra être plus important que celui que nous avions prévu au départ. En effet, les gens privilégieront le télétravail quand ils auront besoin d’être seuls. En revanche, ils auront un usage plus important des espaces collaboratifs quand ils seront en présentiel pour se retrouver en équipe.

Rémi Boyer (Korian) : Nous allons travailler à un accord sur la santé et la sécurité au travail et sur l’organisation du travail autour de l’encadrement de jour et de nuit, le week-end et les heures supplémentaires. Nous allons aussi continuer notre réflexion sur les cycles de planning de travail pour être au plus près des attentes des équipes et nous avons redémarré les groupes d’écoute.

Serge Derick (BPCE) : Nous sommes ouverts à des évolutions, puisqu’il faut accélérer la transformation et ouvrir de nouvelles fenêtres en matière de dialogue social, de conditions et de mode de travail, ainsi que d’outils numériques. Certaines inhibitions vont être levées. Nous avons reporté notre plan stratégique d’un an au niveau du groupe précisément pour pouvoir inclure les enseignements de la crise et repenser nos organisations en fonction.