Dans quelle mesure les origines sociales déterminent-elles la carrière des individus ? Un document de France Stratégie, organe de conseil auprès du Premier ministre, publié le 1er septembre 2020 jette le trouble : les Français sous-estimeraient significativement l’ascension sociale des enfants de milieux modestes. « Disons-le d’emblée pour couper court à une idée extrêmement répandue dans le débat public : l’origine sociale ne ’détermine“ pas le destin individuel. » Elle n’expliquerait « qu’à peine 10 % à 20 % de l’écart de revenu entre les individus d’une même génération ». Autrement dit, pour des individus de même origine sociale, d’autres facteurs contribueraient entre 80 % à 90 % aux écarts de revenus. Pourtant, une précédente étude de France Stratégie, datant de juillet 2018, concluait à une réalité différente : un enfant de cadre supérieur avait « 4,5 fois plus de chances qu’un enfant d’ouvrier d’appartenir aux 20 % les plus aisés ». Elle ajoutait que l’origine sociale avait « un effet très discriminant sur l’accès à un niveau de vie élevé, mais aussi sur le risque de faire partie d’un ménage pauvre ».