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Les clés

Des artistes musicaux… : à la création en entreprise

Les clés | À lire | publié le : 14.09.2020 | Lydie Colders

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Des artistes musicaux… : à la création en entreprise

Crédit photo Lydie Colders

L’entreprise peut-elle tirer des leçons d’innovation à partir de grands artistes de l’industrie musicale comme Elvis Presley ou même Beyoncé ? C’est la métaphore osée proposée par Albéric Tellier, dans son livre Nouvelles Vibrations. À l’aide de multiples anecdotes, ce professeur en management de l’innovation éclaire autrement le chemin d’un projet créatif. Rafraîchissant.

Saviez-vous que la chanson culte « Smoke on the water » de Deep Purple a été composée en une journée, sous la pression du manager du groupe qui trouvait que l’album Machine Head était trop court ? Ou que le dernier album de Police Synchronicity a été enregistré en plein conflit entre Sting, Copeland et Summers, à tel point que « chacun a enregistré ses parties dans des pièces séparées, ne communiquant que par vidéo » ? À partir d’une foule d’exemples, de Miles Davis au rappeur Kendrick Lamar, Albéric Tellier, enseignant à l’université de Dauphine, tente dans ce livre d’établir des ponts entre la création musicale et les enjeux de l’innovation pour les managers et l’entreprise. Le choix de l’industrie du disque ne doit rien au hasard : les technologies numériques ont changé en profondeur « les façons de faire » et de commercialiser un album, explique-t-il. Un phénomène qui touche aussi l’entreprise. Selon lui, les managers pourraient donc en partie « s’inspirer » de ces artistes pour penser ce processus de création, « toujours un peu mystérieux ».

Nouveaux modes de collaboration

À partir de ces histoires mouvementées, l’auteur brosse « les défis à relever tout au long du projet », illustrés de recherches en management de l’innovation : convaincre les clients, intégrer des communautés pour innover, gérer les conflits ou surmonter les échecs (cas du fameux album Melody Nelson de Serge Gainsbourg, qui mettra du temps à être reconnu). Visiblement passionné de musique, Albéric Tellier offre un éclairage vivifiant. Et le parallèle risqué entre le talent de certains artistes et le monde de l’entreprise fonctionne plutôt bien. Exemples ? Bob Dylan choquant son public en changeant radicalement de style avec l’album Highway 61 Revisited est l’occasion pour lui de souligner que nombre d’entreprises lassent « en écoutant trop leurs clients ». Nettement plus industriel, le cas « du plus grand camp d’écriture » regroupant producteurs, auteurs et musiciens qui prépara en quinze jours la maquette de l’album Rated R de Rihanna lui permet d’élargir à l’intérêt des « organisations éphémères » et ouvertes comme les fablabs. Ou de faire le rapprochement avec « les hackatons » « propices à la créativité pour concevoir des prototy-pes ». L’enseignant montre que l’industrie musicale, longtemps fermée, s’ouvre à d’autres modes de collaboration et a su prendre le virage du numérique. De la création jusqu’à la gestion « des tensions » des équipes, une lecture décalée inspirante, loin des modes d’emploi.

Auteur

  • Lydie Colders