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Entretien avec Sébastien Darrigrand, directeur général de l’Udes : « L’Udes n’a jamais réclamé le retour absolu des emplois aides »

Le point sur | publié le : 14.09.2020 | B. d’A.

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Entretien avec Sébastien Darrigrand, directeur général de l’Udes : « L’Udes n’a jamais réclamé le retour absolu des emplois aides »

Crédit photo B. d’A.

Le plan pour la relance de l’emploi des jeunes prévoit une augmentation sensible des emplois aidés. Une bonne nouvelle pour le secteur associatif ? 

Sébastien Darrigrand : On peut se féliciter de certaines mesures du plan comme l’extension de la Garantie jeunes ou la création de 120 000 parcours emploi-compétences – même si par ailleurs nous persistons à regretter l’absence de véritable réflexion sur le ciblage et le paramétrage de ces contrats dans une logique plurianneulle, qui fragilise le modèle économique des employeurs associatifs qui y recourent. Ceci étant, la position de l’Udes n’a jamais été de réclamer le retour des emplois aidés tels qu’ils existaient avant 2017. Lorsque nous avons été consultés sur le plan de relance, nous avons plutôt plaidé pour la création de nouveaux types d’emplois « hybrides », c'est-à-dire, certes ciblés sur les jeunes et bénéficiant d’un fonds d’amorçage financier public, mais destinés à aider le secteur associatif à développer des activités économiques territoriales pérennes, notamment dans les domaines du « care », de la cohésion sociale et du médico-social, où le secteur privé ne s’engagera sans doute jamais massivement. Pour cela, nous avions imaginé des dispositifs d’emplois « boost » ou « d’utilité citoyenne » financés par l’Etat et les Régions et ciblés sur des métiers d’avenir utiles socialement. Dans notre scénario, ce financement aurait pris la forme d’une baisse des charges dégressive sur les emplois créés (75 % du Smic la première année, 50 % la deuxième, et 25 % la troisième), charge à l’employeur de compenser le reliquat en hybridant ses ressources grâce aux bénéfices des activités ainsi créées ou à des partenariats avec le secteur privé. Nous misions sur la création de 100 000 emplois boost pour des jeunes plutôt qualifiés. Ce dispositif était consubstantiel à la montée en compétences et au développement de l’emploi pérenne dans les secteurs à fort impact social et environnemental. 

En 2017, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud avait avancé le faible taux de transformation des emplois aidés en emplois pérennes pour justifier l’arrêt des emplois d’avenir et des CUI. Ces taux étaient-ils si faibles ? 

S.D : Non. Nous étions à 70% d’emplois pérennisés sur les emplois d’avenir et de 45% sur les CUI. C’est loin d’être négligeable. Mais pour des raisons essentiellement politiques et surtout pour privilégier l’alternance et l’apprentissage, le gouvernement a choisi de supprimer brutalement les financements de ces contrats dès l’été 2017. L’UDES était favorable à une refonte de ces contrats mais demandait à ce que les évolutions se fassent dans une logique progressive afin que les structures puissent s’adapter. Conséquence : une hausse de la précarité dans certains territoires mais aussi la disparition d’un nombre conséquent de services dans certains secteurs comme la petite enfance, les services à domicile ou le sanitaire et le médico-social. Certains employeurs se sont effectivement tournés vers l’alternance, mais il y a eu de la perte en chemin.  

Pourtant, l’Udes se montre parfois critique vis-à-vis des politiques publiques de création d’emplois aidés. Paradoxe ? 

S.D : Non. L’insertion constitue une mission de l’ESS, mais malheureusement, depuis plusieurs années, les politiques d’aides à l’emploi mises en place par les différents gouvernements en direction des personnes peu ou pas qualifiées, l’ont été faute d’une vraie politique de développement des activités du secteur associatif. Or, les employeurs associatifs, acteurs de cohésion sociale, ont besoin d’être accompagnés dans le développement de nouvelles compétences vers de nouvelles formes d’emploi (emplois verts, emplois numériques …). Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont des politiques de soutien au développement des activités à l’instar du Fonds de coopération pour la jeunesse et l’éducation populaire (Fonjep) qui existe depuis plusieurs années. 

Les emplois francs et les services civiques ont-ils séduit le secteur de l’ESS ? 

S.D : Il ne s’agit pas vraiment de dispositifs adaptés pour les employeurs de l’ESS. Les emplois francs sont des aides à l’embauche pour les personnes issues des quartiers de la politique de la ville qui sont utiles mais les employeurs associatifs leur préfèrent les parcours emploi compétences. Quant aux services civiques, il faut rappeler qu’il ne s’agit pas d’emplois mais de missions d’intérêt général qui concernent notamment les ONG ou les associations reconnues d’utilité publique. Nous saluons le développement des missions de service civique prévu dans le plan jeunes du gouvernement en cette rentrée 2020. 

Pour la première fois depuis le début de quinquennat d’Emmanuel Macron, l’ESS dispose d’un ministère dédié rattaché à Bercy avec Olivia Grégoire à sa tête. S’agit-il d’un symbole positif ? 

S.D : Oui. Et nous nous en félicitons. Son rattachement à Bercy est d’ailleurs une bonne nouvelle puisque l’ESS pourra être parfaitement intégrée au plan de relance. De plus, c’est un signe de la prise en compte des entreprises de l’économie sociale et solidaire comme acteurs économiques. La nomination d’Olivia Grégoire est par ailleurs un signe très positif. Nous l’avons rencontrée au moment de l’élaboration de la loi PACTE, notamment sur le sujet des entreprises à mission. Nous la rencontrons le 18 septembre pour travailler avec elle à la prise en compte de l’ESS tant  dans le plan de relance que dans le projet de loi de finances 2021.  

 

Auteur

  • B. d’A.