logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Formation : Un parcours interbranche pour combattre les pénuries de main-d’œuvre

Sur le terrain | publié le : 07.09.2020 | Mathieu Noyer

Un Parcours maintenance a été bâti pour amener au poste d’opérateur spécialisé des demandeurs d’emploi ou des salariés d’entreprises de secteurs variés, qui sont toutes confrontées à la même pénurie de profils.

La carte de l’interprofessionnel joue à plein en Alsace pour tenter de résoudre un problème récurrent : le déficit de personnel de maintenance industrielle. Ce constat, ancien, a été fait depuis plusieurs années par les entreprises de divers secteurs d’activité réunies dans le Club génération industrie. Animé par la Maison de l’emploi de Strasbourg, ce réseau de partage d’expériences a fait appel à des consultants locaux, Hélène Bour et Michel Parissiadis, afin de bâtir une réponse. Celle-ci ne pouvait être que collective : « Le besoin de chaque entreprise n’était pas suffisant pour monter une formation qui lui soit dédiée, et la diversité des secteurs représentés appelait une solution interbranche », rappelle Hélène Bour.

De ce contexte, est né le Parcours maintenance. Il propose deux chemins. Pour les employeurs qui n’identifiaient pas en interne des collaborateurs en mesure d’évoluer vers un poste de maintenance, un processus de recrutement de demandeurs d’emploi a été mis en œuvre. Il repose sur une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) et la méthode de recrutement par simulation (MRS), avec un financement de Pôle emploi. Sur sept candidats d’une première session, six sont parvenus avec succès au bout de la séquence formation-stage-embauche en CDI, d’octobre 2019 à janvier 2020.

Venue des Arts déco

Ce « canal » de la MRS a confirmé sa capacité à dénicher des profils inattendus. Ainsi, Alsapan (revêtements de sols et meubles en kit, 900 salariés) a recruté une jeune femme de formation… Arts déco ! « Dans les bassins d’emploi où nous évoluons, la pénurie de candidats aux profils a priori adéquats est considérable : les jeunes diplômés de BTS maintenance industrielle trouvent du travail avant même la fin de leur cursus », témoigne Amandine Bendelé, responsable des projets RH.

Quatre entreprises, par contre, ont repéré un total de 9 collaborateurs qu’elles ont jugés en capacité de rejoindre leurs équipes de maintenance. À leur attention, une formation en alternance de six mois a démarré en janvier. Interrompue par la crise du coronavirus, elle s’achèvera ces prochains jours. Elle est financée par le Plan de développement des compétences des entreprises. « Nous avons identifié deux opérateurs de production de sept ans d’ancienneté, fort motivés et qui étaient déjà des interlocuteurs privilégiés au quotidien de notre service maintenance », relate Ingrid Listo-Angelier, DRH de la scierie Siat-Braun (335 collaborateurs). Le récupérateur et recycleur de déchets Schroll (520 salariés) a également trouvé la solution auprès de trois de ses salariés. « La perspective de “retourner à l’école” les a un peu effrayés, mais nous les avons rassurés en la relativisant. Ils occupent des postes vacants depuis plus de deux ans, notre secteur d’activité ayant du mal à recruter des maintenanciers qui sont déjà “captés” par d’autres », souligne la DRH Estelle Siefer. Ces néo-opérateurs de maintenance industrielle ont donc côtoyé en formation des personnels d’autres branches : agroalimentaire, énergie, bois… « Un tel contact est enrichissant pour notre entreprise, dont le métier la met en rapport avec d’autres industries », ajoute Estelle Siefer. Exception à ces formules collectives, l’entreprise Emfi avait rassemblé un nombre de candidats (12) lui permettant de mener son cursus en cercle fermé.

Trouver la formation adéquate « a impliqué une certaine ingénierie : il fallait un contenu suffisamment commun à plusieurs branches, et nous tenions à ce qu’elle soit inscrite au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles) », relève Michel Parissiadis.

CQP interbranche

Le double critère a été rempli par le CQP (certificat de qualification professionnelle) interbranche d’opérateur de maintenance industrielle. Il a été dispensé au CFAI de l’UIMM, près de Strasbourg. L’étape suivante consistera à décrocher le CQPI de technicien de maintenance. « Nos deux nouveaux maintenanciers en manifestent la volonté, mais cela suppose de franchir un palier non négligeable », avertit Ingrid Listo-Angelier.

Cette première expérience a ainsi bénéficié à près de 30 personnes. Elle en appelle d’autres. La récurrence des besoins plaide pour la pérennisation, estiment les consultants. Si la conjoncture économique ne se dégrade pas, la constitution de nouveaux groupes est envisagée dès cet automne. « C’est un bel exemple de coordination et de rapidité de réponse aux besoins comme les entreprises l’apprécient : entre l’expression de leur besoin et le lancement du Parcours maintenance, il s’est écoulé moins de quatre mois », souligne Hélène Bour.

Auteur

  • Mathieu Noyer