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Sur le terrain

Restructuration : Travailler plus pour gagner plus chez PSA Retail

Sur le terrain | publié le : 31.08.2020 | Laurence Estival

Depuis le 1er juillet, les salariés des services après-vente de PSA Retail ont accepté une augmentation de la durée de travail hebdomadaire afin de répondre à la demande des clients de retour après le confinement. Une stratégie qui vise à bénéficier de cet élan pour pérenniser les emplois, mais qui ne fait pas l’unanimité.

Après le calme, la tempête ? S’il est encore trop tôt pour parler d’une reprise pérenne de l’activité, les salariés des services après-vente de PSA Retail retiennent leur souffle : avec la fin du confinement, les clients qui n’avaient pas fait les révisions et réparations nécessaires sont revenus dans les garages soudain submergés et incapables de faire face à ce surcroît de travail. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée d’une négociation autour d’un accord dit de performance dont l’objectif était de profiter de cet élan, d’autant plus que la situation de l’entreprise fortement dégradée après deux mois d’arrêt de l’activité faisait planer des doutes sur le maintien des emplois.

« Pour nous, il était évident que tout le monde avait un intérêt à faire preuve d’agilité », explique Patricia Bocciarelli, déléguée syndicale centrale FO de l’entreprise, prête à se mettre autour de la table « à condition d’obtenir des contreparties ». Rapidement, la direction abat ses cartes : elle propose une augmentation de la durée hebdomadaire du travail de 35 heures à 38h45, à répartir tout au long de la semaine. De quoi permettre une ouverture des services en continu de 7h30 à 19 heures en semaine et de 9 heures à 16h30 le samedi sur certains sites afin de recevoir les clients et d’effectuer les travaux. Une rotation des équipes est parallèlement mise en place pour trouver la meilleure organisation possible et pour que personne ne se sente lésé. Parallèlement, les horaires décalés sont autorisés pour ceux qui sont intéressés. En échange, les salariés reçoivent une majoration de 25 % pour les heures supplémentaires effectuées jusqu’à 43 heures hebdomadaires et 50 % pour celles allant au-delà, soit des taux correspondant aux dispositions légales. « Mais nous avons aussi obtenu le versement d’une prime de performance d’un montant pouvant aller jusqu’à 200 euros net par mois calculé selon trois grands critères : l’atteinte d’objectifs individuels qui en représente les deux tiers, l’atteinte d’objectifs collectifs et les résultats obtenus en matière de prévention des accidents de travail », poursuit Patricia Bocciarelli.

Des garanties insuffisantes

Cet accord a finalement été signé par trois syndicats – CFE-CGC, FO et CGT – mais pas par la CFDT, très remontée contre ce texte. Selon son délégué central, Nicolas Decellas, « c’est une remise en cause des 35 heures ». Il estime que l’augmentation de la durée de travail pourrait bien devenir pérenne même si elle est présentée comme temporaire puisque l’accord ne court que jusqu’à la fin de l’année. « La hausse de revenus qui y est associée peut être un moyen pour PSA Retail de rester attractif auprès des salariés dans un secteur où le turn-over est important et d’éviter quand l’activité repartira d’embaucher de nouveaux collaborateurs. » Pour le syndicaliste, le refus de la direction de prendre l’engagement de ne pas licencier si la situation venait à se dégrader pendant la période d’application de cet accord, n’a pas non plus de quoi le rassurer. « D’autant que quelques jours après la signature de ce texte, nous avons appris que PSA Retail allait fermer des sites dans Paris intra-muros. Si les 400 personnes concernées devraient bénéficier d’une mobilité géographique, nous avons quand même eu l’impression de nous faire flouer. » Des arguments rejetés par Force ouvrière. « L’accord ne sera pas reconduit après le 31 décembre, affirme la déléguée syndicale centrale, car son seul objectif est de faire face à l’accroissement de l’activité qui a de fortes chances de n’être que temporaire », martèle-t-elle. « Reste que l’accord ne prévoit pas de retour en arrière avant son terme, même si à la rentrée la demande des clients se tassait. Nul ne sait alors ce qu’il pourrait se passer », réplique Nicolas Decellas.

Auteur

  • Laurence Estival