Depuis la mi-août, Zomato, l’une des plus grandes plateformes internationales de commande de repas en ligne, originaire d’Inde, a introduit des congés spéciaux pour les femmes (35 % du total de ses 4 000 salariés) qui souffriraient pendant leurs règles. Dans un message posté sur son blog, le PDG et cofondateur de Zomato, Deepinder Goyal, a indiqué que toutes les femmes (incluant les personnes transgenres) peuvent prendre jusqu’à 10 jours de congés spéciaux par an en raison de leurs règles. Pourquoi dix jours ? Parce que, a-t-il expliqué, « les femmes ont environ 14 cycles par an, et si l’on ajuste ce chiffre à la possibilité que cela tombe pendant un week-end, nous offrons aux femmes de bénéficier de 10 jours supplémentaires de congés par rapport aux hommes ». Mais attention, pas question d’abuser de cet avantage. « Ces congés ne sont pas à utiliser pour éviter de travailler », a-t-il ajouté. Le but de l’initiative est, toujours selon Deepinder Goyal, de « cultiver une atmosphère de confiance, de vérité et d’acceptation en reconnaissant qu’hommes et femmes sont nés avec des réalités biologiques différentes ». D’ailleurs, « il ne doit y avoir aucune honte ni aucune gêne à demander un tel jour de congé, pas plus qu’il ne doit y en avoir à annoncer à vos équipes en interne ou dans un e-mail que vous êtes en congé menstruel pour la journée », a-t-il insisté. Le patron de Zomato a également envoyé un petit mot aux hommes, déclarant que « le fait que nos collègues femmes parlent de leurs règles ne doit pas nous embarrasser. Cela fait partie de la vie. Et même si, en tant qu’hommes, nous pouvons avoir des difficultés à comprendre à quoi ressemblent des crampes et des maux de ventre, nous devons leur faire confiance lorsqu’elles disent qu’elles ont besoin de repos pendant cette période ». L’initiative, peu commune parmi les multinationales, n’est cependant pas une première. La société digitale Culture Machine, également indienne, a mis en place un congé menstruel depuis 2017. Nike, de son côté, a adopté cette politique en 2007 pour ses salariées dans le monde entier. Et d’autres politiques publiques sur ce sujet existent dans certains pays, dont l’Indonésie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, de même qu’en Zambie. En Europe, l’Italie a tenté d’introduire une mesure similaire, sans succès, en 2017.

Si les supporters de ces politiques veulent les voir s’étendre à d’autres entreprises et d’autres pays, certains s’inquiètent que des congés spécifiques pour les femmes servent au contraire à justifier des écarts de salaires ou induisent un biais dans les politiques de recrutement. Bref, que cela desserve les femmes dans leur vie professionnelle plutôt que l’inverse. En tout cas, chez Zomato, les salariées pourront faire la demande en passant par le portail des ressources humaines et une équipe, au sein de la DRH, veillera à ce qu’elles ne soient pas discriminées ou harcelées pour avoir fait usage de ce nouveau droit.