L’Inspection générale des affaires sociales en appelle dans un récent rapport à une rénovation profonde des politiques en faveur de l’emploi des personnes handicapées. Si le vieillissement croissant de la population active – un actif sur trois a plus de 50 ans contre un sur cinq en 2000 – et le poids des maladies chroniques (22 % de la population) induisent une augmentation des situations de handicap au travail, le monde professionnel y contribue aussi : plus de 50 % des personnes déclarent que leur situation de handicap « est liée au travail ou [qu’il l’] aggrave ». Plus de six millions de personnes sont concernées, soit bien plus que le chiffre officiel reconnu par l’administration (2,8 millions). La connaissance du handicap reste malgré tout parcellaire du fait de l’absence de chiffres récents ou détaillés. Née après la Première Guerre mondiale pour faciliter la réinsertion des invalides, la politique en faveur des personnes handicapées dispose d’une mesure phare avec « l’obligation d’emploi » (revue en 2020) qui contraint les entreprises à inclure dans leurs effectifs 6 % de personnes en situation de handicap. Si elle salue la progression du dispositif, l’Igas déplore que le taux fixé par la loi en 1987 ne soit toujours pas atteint, oscillant entre 2,7 % et 3,5 % dans le secteur privé et entre 4,4 % et 5,5 % dans le public.
Elle pointe par ailleurs « une complexité poussée à l’extrême » qui « rend le système peu lisible et difficilement accessible » et un modèle qui mène à une impasse financière. Entre 2010 et 2018, l’amélioration du respect de « l’obligation d’emploi » a ainsi réduit de 212 millions d’euros les montants collectés pour les fonds Agefiph et FIPHFP. L’Igas appelle donc à rechercher de nouvelles sources de financement, à combiner une approche médicale avec une analyse de l’environnement professionnel comme le fait l’Allemagne, à développer et transformer les modalités d’accompagnement des travailleurs handicapés afin de les concentrer sur les situations de handicap les plus problématiques, et à rapprocher l’ensemble du dispositif de la politique de santé au travail.
