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IRP : Engie Thermique France a trouvé un point d’entente

Le point sur | publié le : 13.07.2020 | G. S. M

Face à l’état d’urgence sanitaire, Engie Thermique France a dû adapter rapidement son organisation du travail tout en préservant un dialogue social constructif. La reprise de l’activité a néanmoins causé quelques tensions.

Engie Thermique France (ETF), une branche du Groupe Engie, gère des centrales de production d’énergie à cycle combiné utilisant du gaz pour réduire l’émission de CO2. Ses trois sites (Dunkerque, Montoir-de-Bretagne et Fos-sur-Mer) emploient 120 salariés. Lors de la crise sanitaire et du confinement, il a fallu agir vite, reconnaît Laurence Carpentier, responsable des ressources humaines : « Dans le premier temps de dialogue social, compte tenu de la précipitation et du peu de temps dont nous disposions, nous avons présenté directement les plans de continuité d’activité (PCA) au CSE. Nos élus nous ont reproché de ne pas les avoir travaillés en amont avec eux ; mais cela s’est plutôt bien passé, le principe a été bien compris par tous. » Une vision que partage Stéphane Avonture, responsable CGT, syndicat majoritaire (70 % des voix) : « La direction a présenté des mesures qui seraient prises dans un plan de continuité d’activité afin de préserver la santé des salariés. Le jour même, les salariés pour qui c’était possible ont été mis en télétravail. Nous avons réfléchi et contribué à étoffer ces mesures dans un état d’esprit commun. Nous avons été surpris, car la direction prend rarement les devants. »

Un réel échange d’idées

La direction de ETF a proposé de passer d’un système de 3x8 à un système de 2x12 avec des effectifs extrêmement réduits. « À Fos-sur-Mer et à Montoir-de-Bretagne, les sept équipes ont assuré le planning habituel, mais elles ont été mises en disponibilité durant les journées à effectuer entre « cycles de quart », soit quatre à six jours par mois à Dunkerque, à Fos-sur-Mer et Montoir-de-Bretagne, deux semaines de cinq jours toutes les cinq semaines », précise Stéphane Avonture. La direction ayant refusé de mettre en place un dispositif de prise de température à l’entrée du site, les salariés ont été invités à se mettre en quatorzaine dès lors qu’ils se sentaient fiévreux avec une température supérieure à 38 °C. Tous les collaborateurs qui y étaient éligibles sont par ailleurs passés en télétravail. Une période qui a donné toute sa place aux échanges, selon Laurence Carpentier : « Le dialogue social a été constructif et il y a eu un réel échange d’idées. » La CGT regrette cependant une fausse note sur les masques : « Ils ont été déconseillés un long moment avant de devenir obligatoires à partir du 11 mai. La direction a eu un comportement calqué sur les positions successives du gouvernement. » Le représentant de la CGT déplore aussi que les parois en plexiglas n’aient été obtenues que par l’entremise d’un salarié. C’est le 13 mai qu’ont été présentés les plans de reprise d’activité (PRA) lors d’un CSE extraordinaire. « Le deuxième temps du dialogue social était mieux préparé, mais il a été paradoxalement plus compliqué », reconnaît Laurence Carpentier. La CGT souhaitait en effet prolonger le dispositif durant quinze jours encore pour établir un retour d’expérience. « Nous avons demandé une expertise sur le PRA et aussi pour établir la validité du DUER qui occupait à peine une demi-page », explique Stéphane Avonture. De quoi obtenir un délai de dix jours pour délivrer un avis négatif, mais « justifié » selon la CGT. « La reprise d’activité a été tendue, car la direction ne nous a que très peu écoutés », conclut le représentant syndical.

Une réaction qui a surpris du côté de l’entreprise. « Nous pensions que la mise en œuvre des PRA ne poserait pas de problème, indique Laurence Carpentier. Il semble que nous ayons sous-estimé les craintes liées au retour sur site des salariés. » Elle reste cependant optimiste : « Le retour est plutôt positif puisque nous n’avons eu aucun cas de contamination. Nous avons maintenu les gestes barrières partout, de même que le télétravail avec une incitation au retour sur site sur la base du volontariat jusqu’en septembre. Le retour d’expérience nous aidera à voir ce qu’il s’est bien passé afin de fluidifier davantage le dialogue social. »

Changement d’état d’esprit

Côté syndical, l’optimisme n’est pas aussi flagrant. Si le représentant de la CGT reconnaît que « la direction s’est montrée bienveillante jusqu’au 11 mai », il déplore un changement d’état d’esprit après le déconfinement : « Avec la décision du gouvernement de déconfiner, la direction a décidé de foncer et c’est comme si nous n’avions plus existé. » Simple retour au schéma prévalant avec la crise ou prélude à une exacerbation des tensions ? La question sera vite tranchée avec la rentrée.

Auteur

  • G. S. M