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Le fait de la semaine

Crise sanitaire : Le coronavirus chamboule l’emploi cadre

Le fait de la semaine | publié le : 13.07.2020 | Benjamin d’Alguerre

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Crise sanitaire : Le coronavirus chamboule l’emploi cadre

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

La crise sanitaire rebat les cartes des prévisions de l’emploi des cadres. Les 300 000 intentions de recrutement prévues en 2020 sont aujourd’hui balayées même si le marché connaît un timide redressement depuis la fin du confinement.

La crise de la Covid-19 a-t-elle brisé la bonne dynamique de l’emploi cadre ? Selon la dernière note de conjoncture de l’Apec de février 2020, les intentions d’embauche des entreprises étaient historiques, avec près de 300 000 recrutements de cadres. Un record annoncé… jusqu’à l’irruption du coronavirus. « Nous partions sur une année 2020 historique… et elle le sera sans doute, mais dans le sens inverse de nos prévisions », soupire Laurent Da Silva, vice-président (Medef) de l’Association pour l’emploi des cadres et dirigeant des cabinets RH Spring et Badenoch & Clark, deux filiales d’Adecco spécialisées dans l’emploi des cadres. Indicateur révélateur : le site Apec.fr qui recensait 96 000 offres de recrutement début mars a vu ce nombre fondre au fur et à mesure du confinement pour tomber à 45 000 au mois de mai. « Un recrutement sur deux passe par les offres d’emploi publiées sur notre jobboard, mais nul doute que la situation sur le marché invisible est peu ou prou identique », précise Gilles Gateau, directeur général de l’Apec. L’époque bénie qui voyait le chômage des cadres osciller autour de 3,5 % semble avoir fait long feu.

Deux populations à risques

Pourtant, la situation difficile pourrait ne pas durer. Dès juin, le compteur des petites annonces de l’Apec est reparti à la hausse avec près de 70 000 offres d’emploi proposées. Pour mieux évaluer la situation du marché de l’emploi, l’Association compte relancer en septembre une nouvelle enquête de terrain auprès des entreprises pour obtenir un panorama de l’emploi cadre post-Covid. « Le gel des embauches est déjà sensible dans les flux de clients reçus dans les agences de l’Apec, mais nous nous attendons à une augmentation des sollicitations au fil des PSE à venir », annonce Gilles Gateau. Deux populations considérées « à risques » seront plus particulièrement surveillées : les jeunes entrants sur le marché du travail et les seniors. Deux catégories moins touchées par l’embellie observée sur le marché de l’emploi des cadres depuis quelques années. Le 8 juillet, le Premier ministre Jean Castex annonçait, au micro de RMC, un nouveau report de l’entrée en vigueur du second volet de la réforme de l’assurance chômage. Déjà repoussée une première fois d’avril à septembre du fait de la crise sanitaire, cette seconde vague de la réforme de 2019 instaurait notamment une dégressivité des indemnités chômage de 30 % au bout de six mois d’inscription à Pôle emploi pour les salariés de moins de 57 ans touchant plus de 4 500 euros brut par mois. Essentiellement les cadres. Conspuée par la CFE-CGC, cette réforme est aujourd’hui contestée jusque dans les rangs du Medef : « Elle pouvait avoir du sens en période de plein-emploi, mais à l’heure où le taux de chômage des cadres pourrait être multiplié par deux, il est plus pertinent de miser sur l’accompagnement renforcé et la formation des cadres sans emploi que sur la dégressivité des allocations », juge Laurent Da Silva.

Établir l’équité entre alternants

Reste que cette nouvelle crise de l’emploi pourrait être moins douloureuse que prévu. Début juillet, la Banque de France tablait sur une reprise rapide. Chez les spécialistes de l’emploi cadre, on croise les doigts. La diminution des offres pourrait avoir la vertu de dissuader ceux déjà en poste de tenter leur chance auprès d’une autre entreprise… laissant davantage de place à ceux présents sur le marché de l’emploi. Le cas des juniors et seniors en revanche, demeure une préoccupation pour l’Apec. « On peut regretter que les primes à l’embauche d’apprentis instaurées par le ministère du Travail soient limitées aux formations bac + 3, ce qui risque de limiter les recrutements d’alternants à bac + 4 et + 5 et les empêcher de disposer d’une première expérience professionnelle », souligne Laurent Da Silva. Une proposition de loi déposée le 6 juillet par le sénateur LR Stéphane Piednoir prévoit de rétablir l’équité entre alternants. Si celle-ci venait à être retoquée, l’Apec n’hésiterait pas à faire la tournée des grandes écoles pour les convaincre de garder leurs alternants une année de plus afin de ne pas les jeter dans le chômage dès leur sortie d’études, affirme le dirigeant de Badenoch & Clark. Quant aux seniors, selon lui, les missions de management de transition pourraient apporter de nouvelles perspectives. Particulièrement à l’heure où de nombreuses entreprises peuvent avoir besoin de hauts profils à usage temporaire.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre