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Rémunération : L’Insee calcule les effets d’aubaine de la « prime Macron »

L’actualité | publié le : 13.07.2020 | Gilmar Sequeira Martins

La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), appelée aussi « prime Macron », est née dans le sillage du mouvement des gilets jaunes qui ont fait irruption sur les ronds-points en novembre 2018. Dans l’édition 2020 de son étude « Emploi, chômage, revenus du travail », diffusée en juin, l’Insee estime que le versement de cette prime a généré des effets d’aubaine. Autrement dit, bon nombre d’entreprises auraient sans doute versé à leurs salariés les mêmes montants, mais sous une forme différente. Pour étayer sa thèse, l’Insee avance le résultat de ses mesures de l’évolution des salaires. Il estime que, « bien qu’ils soient plus élevés, les salaires (hors prime exceptionnelle) ont plus faiblement progressé entre le premier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019 dans les établissements ayant versé la prime que dans les autres (écart de dynamisme de 0,4 point) ».

Pour l’Insee, cet écart « suggère un effet d’aubaine », car « même si la prime ne peut se substituer à des augmentations de rémunération ni à des primes prévues par un accord salarial ou par le contrat de travail, des établissements auraient sans doute versé, sous une forme différente, au moins une partie du montant de cette prime en l’absence de cette mesure ». Les statisticiens estiment que sans cet effet d’aubaine, « l’effet de la prime exceptionnelle sur la hausse des salaires est donc sans doute inférieur au montant versé par les entreprises au titre de cette prime », indiquant qu’au premier trimestre 2019, le salaire moyen par tête (SMPT) a augmenté de 2,7 % sur un an, « soit la plus forte augmentation depuis neuf ans ». Si les montants perçus par les salariés au titre de la prime Pepa, soit 2,2 milliards d’euros, étaient écartés de la masse salariale, le SMPT n’aurait progressé que de 1,3 % sur un an, estime l’Insee. Il en conclut que la progression de cet indicateur « serait ainsi inférieure à celles des trimestres précédents ou suivants (supérieures à 1,5 %), ce qui renforce l’hypothèse d’effets d’aubaine ». L’effet global sur la progression des salaires n’est pas négligeable. L’étude de l’Insee estime ainsi que « sur 1,4 point de croissance annuelle des salaires au premier trimestre 2019 directement imputable à la prime Pepa, environ 40 % (soit 0,6 point) relèveraient d’effets d’aubaine ». Au total, 39 % des salariés de l’ensemble des établissements de 1 000 salariés ou plus ont réellement bénéficié de la prime, contre 15 % dans les établissements de moins de 10 salariés, les premiers touchant une prime dont le montant moyen était inférieur (456 euros) à celui perçu par les seconds (524 euros).

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins