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Enfin le « S » de RSE

Chroniques | publié le : 06.07.2020 |

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Enfin le « S » de RSE

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Benoît Serre Partner au Boston Consulting Group, Vice-président délégué de l’ANDRH

La délégation aux entreprises du Sénat

vient de publier un rapport sur la RSE et les entreprises responsables. Ce n’est pas le premier ni le dernier, mais il porte 20 recommandations dont la troisième porte sur ce qui a fait l’actualité durant cette crise : la qualité de vie au travail et l’engagement social des entreprises vis-à-vis de leurs salariés. Dans le même temps, le président de la République valide presque toutes les propositions de la convention citoyenne sur le climat et les élections municipales font la part belle aux partis écologistes.

La RSE n’est pas un sujet nouveau

au moins dans sa dimension environnementale dont les États se sont saisis depuis l’époque où le président Chirac au sommet de Rio avait déclaré « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Les réglementations ont succédé aux déclarations d’intention et aux accords mondiaux sur le climat se traduisant souvent par des textes engageant ou forçant les entreprises à prendre toute leur part dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette tendance réglementaire a certes des vertus, mais elle a progressivement capté la responsabilité de l’action au profit des pouvoirs publics laissant les organisations se poser en simples exécutantes.

Peu à peu, la RSE

est donc devenue presque exclusivement un sujet d’environnement pour le grand public alors que ce concept est bien plus large. Il touche d’abord la responsabilité de l’entreprise et de toute organisation publique ou privée dans sa dimension sociale ou sociétale.

La crise que nous traversons

semble avoir enfin donné l’impulsion fondamentale dont nous avions besoin pour prendre conscience que l’entreprise est un lieu social avec des responsabilités particulières vis-à-vis de ses parties prenantes dont les plus importantes sont les salariés. On a tendance parfois à les oublier, mais ils sont primordiaux dans toute politique RSE à double titre : d’abord parce qu’ils doivent en être les bénéficiaires par la protection sociale, la QVT, la compétence, le respect humain, mais aussi parce qu’ils peuvent en devenir les meilleurs ambassadeurs pour leur entreprise. Ce sont eux qui la ressentant pourront prouver au client comme au fournisseur que la politique RSE de leur entreprise est réelle, concrète et surtout vécue puisqu’elle influence leur perception du travail, du management et de la responsabilité.

Les politiques RH des entreprises

relèvent profondément de la logique RSE intégrale telle que nous devrions la développer. Or dans une étude de janvier 2020 « Occurrence/Observatoire des salariés et des entreprises responsables », il apparaissait que seulement 15 % d’entre eux estimaient que la RSE avait transformé leur entreprise. Ce chiffre est interrogeant, car il renvoie à plusieurs interrogations. Soit les salariés considèrent que la politique RSE ne les touche pas, soit qu’elle n’a pas d’influence, soit qu’elle n’a pas d’impact malgré les investissements, les communications et les intentions affichées. En cela, nous devons intégrer plus fortement la dimension sociale dans nos politiques, au sens de gestion et de protection des individus. Selon les pays, ces actions prendront des formes différentes en fonction principalement des politiques publiques et de leur manque. Lorsque Danone décide de compenser le salaire de tous ses collaborateurs en chômage partiel dans le monde, notamment pour ceux dont l’État ne prend pas le relais, c’est le « S » de la RSE. Quand Sodexo finance un fonds pour aider ceux dans ses équipes que les politiques publiques de leurs pays ne protègent pas, il fait la même chose.

De même, garantir l’employabilité de ses collaborateurs

en leur permettant de toujours conserver les compétences nécessaires pour avoir un emploi – dans l’entreprise ou ailleurs – est un acte majeur de la responsabilité sociale de l’entreprise. C’est même la principale avec la protection de la santé et des droits humains. Les DRH doivent se saisir de cette dimension encore plus fortement, car elle donne son sens aussi à l’entreprise, au « vivre ensemble professionnel » et à la raison d’être de tout acteur économique.

Cette dimension sociale et donc humaine

de la RSE constitue un enjeu central qui pourrait permettre de résoudre une opposition que nous connaissons bien résumée par « fin du mois contre fin du monde »