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Les DRH au cœur de la crise

Quelles mesures avez-vous prises au début du confinement, en France et à l’étranger ?

Les DRH au cœur de la crise | La gestion de la crise | publié le : 29.06.2020 |

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Quelles mesures avez-vous prises au début du confinement, en France et à l’étranger ?

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Priorité au redéploiement des salariés en interne

Cathy Desquesses (Sodexo) : Nos priorités et actions ont, tout d’abord, été de préserver l’emploi et, dans la mesure du possible, de repositionner nos collaborateurs en interne. Très vite, nous avons essayé de redéployer ceux dont les sites fermaient, des écoles et des universités par exemple, vers des activités en tension, dans des résidences pour personnes âgées, des hôpitaux ou des cliniques. Aux États-Unis, 4 000 salariés environ ont ainsi été rapidement reformés car on ne travaille pas dans un hôpital comme dans une école. Malheureusement, nous n’avons pas pu redéployer tout le monde. Nous avons alors établi des partenariats avec d’autres entreprises qui, par exemple, avaient besoin de manutentionnaires dans leurs entrepôts, comme Amazon ou Unilever. Pour ceux qui n’ont pas pu être redéployés en interne ou accueillis dans une entreprise externe, nous avons recouru à l’activité partielle, lorsque c’était possible. Cela a été le cas en France et dans d’autres pays d’Europe comme l’Italie ou la Belgique. En revanche, le dispositif n’existe pas aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Moyen Orient et en Asie. C’est pourquoi nous avons monté un programme mondial de soutien aux collaborateurs les plus vulnérables, financé par les contributions des principaux dirigeants du groupe, intitulé « Employee Relief Program ». Nos 70 000 managers qui étaient en mesure de télétravailler ont, quant à eux, été maintenus en activité autant que possible.

Solidarité entre services

Sylvie Peretti (Generali) : Le travail à distance a été généralisé, même si certaines tâches ne pouvaient être effectuées, pour les commerciaux notamment. Nous aurions pu les placer en activité partielle ; nous avons plutôt choisi de leur confier des tâches supplétives pour remplacer l’activité de vente qu’ils n’étaient plus en mesure de réaliser : les former massivement via les contenus de notre académie – notre service de formation interne – disponibles en e-learning, les faire participer à des campagnes d’appels clients et, dès la mi-avril, préparer la reprise de leurs activités commerciales en vue de la reprise du 11 mai. Il leur a été demandé également de prendre quelques jours de RTT ou de CET. Ce qui a été intéressant, durant cette période, c’est la mise en place de systèmes d’entraide entre services. L’idée était d’identifier ceux que la crise avait contraints au sous-emploi et de permettre à ces équipes de pouvoir temporairement soutenir d’autres fonctions en surcharge. Par exemple, les équipes de la communication événementielle ont pu assister les commerciaux dans leurs campagnes de phoning. Toute cette opération a été pilotée par les managers et les partenaires RH. En fin de crise, nous avons organisé des consultations de ces salariés concernant l’expérience qu’ils avaient vécue et leurs retours ont été très positifs.

Maintien de l’activité sur site

Jean Agulhon (RATP) : L’activité partielle a été utilisée avec parcimonie. Pendant le confinement, au creux de notre production, 6 000 à 7 000 agents RATP – sur un total de 45 000 – ainsi que certains agents des réseaux de province de notre filiale RATP Dev ont été confrontés à l’activité partielle pour une durée comprise entre trois et cinq semaines. Même si elle a été amenée à diminuer son offre, la RATP n’a jamais cessé son activité. Sur Paris et la région parisienne, celle-ci a toujours été maintenue au moins à 30 %, ce qui était bien supérieur au volume de personnes transportées durant la période. Dès le 11 mai, nous sommes passés graduellement de 30 % à 100 % de notre offre et avons diminué progressivement le recours au chômage partiel au fur et à mesure de la remontée de notre activité. Par ailleurs, entre 8 000 et 10 000 personnes ont été en télétravail permanent.

Marine Henin-Duprez (Bonduelle) : Puisque les activités d’usine pouvaient être réalisées en toute sécurité, il a été décidé ne pas les interrompre. Côté production, nous avons constaté une demande en augmentation, pouvant aller jusqu’à 70 % sur certains produits, comme les conserves les semaines qui ont suivi le confinement. D’autres secteurs, en revanche, ont souffert, faute de consommateurs : c’est le cas des surgelés, des produits frais ou des denrées destinées à la restauration collective. Les équipes supply chain ont su en un temps record revoir les plans de production, ainsi que les équipes commerciales et industrielles qui ont collaboré de façon quotidienne, pour qu’il n’y ait aucune rupture dans les chaînes d’approvisionnement. Tout en maintenant la totalité des emplois. Toutefois, si notre activité « produits » n’a pas été trop durement impactée par la crise, il nous a fallu mettre en stand-by notre activité commerciale de terrain, les visites étant interrompues par la pandémie. En France, nous avons encouragé notre centaine de commerciaux à déposer des RTT pour compenser cette période sans travail. Nous avons été impressionnés de constater qu’une quinzaine d’entre eux se sont spontanément proposés pour aller travailler en usine afin de renforcer les équipes sur place ! Nos équipes support ont rapidement été placées en télétravail. Parmi les équipes RH en usine, certains ont choisi de continuer à venir au bureau, d’autres préférant rester chez eux.

Dominique Podesta (Heppner) : Beaucoup de nos collaborateurs sont sur le terrain, au cœur de notre activité de gestion de colis, c’est-à-dire au plus près des besoins des clients, ce qui, bien évidemment, a joué un rôle important dans la manière dont nous avons géré cette situation de crise particulière. La gestion s’est faite au niveau groupe, en animant en permanence le lien avec les directeurs de région, les entrepreneurs de notre réseau. La première priorité a été de respecter et de mettre en place l’ensemble des mesures sanitaires préconisées par le gouvernement. À la fois sur les sites, car beaucoup de nos collaborateurs ont été amenés à y rester, et pour nos collaborateurs en télétravail, soit environ 20 % de la population. La seconde priorité a été de respecter les procédures et l’esprit de l’activité partielle, c’est-à-dire de préserver l’emploi avec nos partenaires sociaux. En France, le taux d’activité partielle est d’environ 15 %.

Télétravail et activité partielle

Serge Derick (BPCE) : Les réseaux bancaires du groupe (Caisse d’épargne et Banque populaire) ayant été reconnus d’importance vitale, nous nous devions de maintenir un service à la clientèle, avec le plus grand nombre possible d’agences ouvertes, mais selon des modes aménagés (sur rendez-vous ou sur filtrage, par exemple). Par ailleurs, à l’échelle du groupe, la décision a été prise de ne pas recourir au chômage partiel. Nous ne voulions pas aller chercher l’aide de l’État. En conséquence, nous avons privilégié le télétravail, à plus de 95 % chez Natixis ainsi qu’au sein de nos filiales IT, par exemple, et à 50 % dans les établissements régionaux, associé dans certains cas à une dispense d’activité pour les collaborateurs ne pouvant travailler. À l’étranger, nous nous sommes conformés aux dispositions prises par le pays. Au niveau de la DRH groupe, les équipes ont été mises en télétravail pour la plupart, à l’exception des équipes juridiques et sociales, restées en présentiel.

Dominique Laurent (Schneider) : Nous avons réussi à négocier très vite (dès le lendemain de l’annonce du confinement) un accord d’entreprise groupe sur l’ensemble des entités juridiques en France. Cet accord organisait le recours à l’activité partielle, avec un complément de rémunération pour atteindre un peu plus de 90 % du salaire net. Il nous a aussi permis de passer à un mode 100 % télétravail. Nous avons décidé d’utiliser notre accord existant en l’amendant le temps de la crise pour passer de deux à cinq jours de télétravail. S’agissant du recours à l’activité partielle, nous en avons fait un usage responsable. En effet, nous avons informé l’État que nous abandonnerions notre créance au titre du remboursement des indemnités versées aux salariés. Autrement dit, nous avons assumé sans aucun remboursement de l’État les 78 % de rémunération brute maintenus au titre de l’activité partielle. Cette décision nous a permis de nous doter d’un cadre du travail pour réduire la durée du travail sans avoir à négocier un accord de performance collective.

Frédérique Giavarini (Fnac Darty) : À l’annonce du confinement le 17 mars, nous avons fermé l’ensemble de nos magasins dans tous les pays, à l’exception du Portugal où ils ont fermé quelques jours plus tard et des Pays-Bas où ils sont restés ouverts sur toute la période. Globalement, seule l’activité Internet a été maintenue, ainsi que la logistique, les livraisons, les interventions à domicile et la relation client à distance. C’est au total plus de 80 % des salariés qui ont été mis en activité partielle en France et à l’étranger.