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Les DRH au cœur de la crise

Êtes-vous parvenu à maintenir un dialogue social de qualité ?

Les DRH au cœur de la crise | La gestion de la crise | publié le : 29.06.2020 |

Jean Agulhon (RATP) : Le dialogue social à la RATP est quelque chose de nourri qui fait partie du quotidien de la fonction RH et des managers, et cela va continuer. Nous nous sommes appuyés sur cette pratique de façon efficace. Dès le début du confinement, un point quotidien était organisé, chaque soir, avec les trois organisations syndicales représentatives. Ce rendez-vous permettait de descendre de l’information et de récupérer des questions pour alimenter notre communication. Ce point est à présent devenu hebdomadaire. Nous avons ensuite donné la consigne à tous les présidents de SSCT de provoquer des échanges avec le CSSCT, à un rythme qui est passé de tous les trois jours, au début, à hebdomadaire ensuite. La situation s’est toutefois révélée très hétérogène sur le terrain : là où le dialogue social était régulier et transparent, tout s’est bien passé. En revanche, là où il était plus tendu, nous avons eu plus de danger grave imminent. Néanmoins, nous n’avons jamais été confrontés à des opérations de droit de retrait massives. Les IRP ont continué à se tenir y compris pendant la crise. Nous avons continué à traiter un certain nombre de dossiers de fond. Tout le fonctionnement des instances est également devenu digital. Le premier enjeu a donc été de doter nos élus du matériel nécessaire et de les former à leur utilisation.

Rémy Boyer (Korian) : Nous avons considérablement renforcé le dialogue social dès le mois de mars puisque la fréquence du CSE central est passée de quatre réunions obligatoires par an à deux par semaine, soit 25 réunions au cours de la crise ! Cela nous a permis de répondre aux questions des représentants du personnel, en particulier au début de la crise, sur toutes les questions liées aux équipements de protection individuels. Depuis juin, le CSE se réunit une fois par semaine. La première semaine de juin, nous avons présenté au CSE central, sur la base des enseignements de cette période, un plan de réflexion sur le contrat social de Korian. Ce plan va se baser d’abord sur une phase d’écoute, réalisée par l’association Dialogues et le cabinet Alixio. Nous sommes en train de négocier un accord de méthode qui permettra de caler avec les organisations syndicales le programme de négociation pour les prochains mois. Entre autres thématiques, nous prévoyons de négocier un accord portant sur la santé et la sécurité au travail, la gestion des emplois et des parcours professionnels, la VAE des personnes engagées dans une carrière syndicale, les NAO, le renouvellement de l’accord handicap, ainsi que le renouvellement de l’accord QVT, le premier du secteur, conclu en 2017 et qui arrive aussi à échéance en 2020.

Cathy Desquesses (Sodexo) : Le dialogue social a toujours été très sain, et cela, depuis la création du groupe par Pierre Bellon lui-même. Là encore, la crise n’a fait que révéler sa maturité, ce qui nous a permis de prendre des décisions rapides, dans un climat de respect réciproque. J’ai été moi-même en relation chaque semaine avec nos partenaires sociaux internationaux et notamment l’UITA (Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes) sur les aspects de santé et de sécurité, et tout ce qui concerne le cadre opératoire de la reprise. Pendant la crise, nous avons créé de nouveaux programmes, dont Rise With Sodexo, un programme international pour accompagner nos clients et nos salariés dans la reprise de l’activité en toute sérénité. Les organisations syndicales sont bien conscientes que, pour que nos collaborateurs reprennent le travail, il faut que nos clients rouvrent leurs sites. Depuis le 11 mai, notre siège d’Issy-les-Moulineaux a d’ailleurs été le premier pilote de ce programme.

Olivier Carlat (Veolia) : Nous avons eu une forte intensité et une très bonne qualité de dialogue social, par le biais de structures parfois informelles. Nous avons tenu de nombreuses séances d’information et de consultation auprès des CSE, sur les multiples sujets de dialogue social durant cette crise : mesures de santé et protection, plan de continuité des activités, organisation et protocole du travail, activité partielle et congés, modalité de la prime de reconnaissance puis plan de reprise, etc.

Dominique Laurent (Schneider) : Le dialogue avec les organisations syndicales s’est bien passé et a été globalement très constructif, même si nous avons connu quelques moments de tension. Mais cela est normal : tout était si inattendu et imprévisible ! Quatre organisations syndicales sur cinq ont cherché avec nous des solutions tout en restant vigilantes. Certaines de leurs alertes nous ont été précieuses pour ajuster nos décisions.

Sylvie Peretti (Generali) : Entre le 10 mars et le 20 mai, nous avons animé plus de 25 réunions sociales (CSE, CSSCT, DSC, etc.) afin de tenir les élus au courant de la situation. Nous avons d’ailleurs négocié durant la crise un accord de méthode – signé vendredi 12 juin – concernant les conditions de la reprise, mais prévoyant aussi une clause de revoyure pour toutes les négociations interrompues par la crise et fixant l’agenda social des 12 prochains mois afin de rassurer les syndicats sur notre volonté de ne pas enterrer le dialogue social.

Des accords de crise

La crise s’est accompagnée d’une frénésie de négociations entre les directions RH et les syndicats. Mais avec des résultats parfois décevants, comme à la Fnac, où elles se sont terminées sur une impasse contrairement à celles de la « maison sœur » Darty. « À la demande des organisations syndicales de certaines sociétés Fnac, nous avons toutefois rouvert les discussions et finalement signé des accords avec le siège, les magasins en périphérie de ville, les entreprises de service après-vente ainsi que chez la filiale Nature & Découvertes », précise Frédérique Gaviarini, DRH Groupe. A contrario, Daher a signé très rapidement un accord de prise en charge salariale à 94 % pour les salariés en chômage partiel. Une prise en charge patronale négociée à 78 % chez Schneider. Ailleurs, les négociations n’ont pas forcément concerné le temps de travail ou la question salariale. Chez Bonduelle, l’accord a porté sur le versement d’une prime « Macron » pour les salariés. Chez Generali et Veolia, les accords signés ont surtout fixé l’agenda social de l’année afin de rassurer les syndicats sur la volonté des directions de poursuivre le dialogue social après la crise.