Dans cette association d’aide à domicile située en Meurthe-et-Moselle comprenant 550 salariés pour 450 équivalents temps plein, direction et syndicats ont échangé en permanence pour gérer la crise.
Pour Laëtitia Pilloy, directrice de l’Adapa, le nouveau dispositif de CSE n’a pas été un obstacle dans le cadre de la crise du Covid-19. « Le danger était cependant de limiter le rôle du volet santé, sécurité et conditions de travail avec la suppression du CHSCT. Mais nous avons prévu qu’à chaque réunion du CSE, cette thématique serait spécifiquement abordée. » Créée en même temps que le CSE, en janvier 2020, la CSSCT comprend trois membres. Mais la mise en place et la définition des missions des commissions n’ont pas véritablement eu le temps de s’opérer pleinement. Avec des élus et représentants des commissions majoritairement nouveaux, « beaucoup des précédents étant partis à la retraite », précise la directrice, le CSE n’a eu qu’un peu plus de deux mois pour s’organiser. Certaines commissions avaient organisé leurs premières réunions fin février… Le programme de formation de six jours prévu pour les élus du personnel a été reporté, et seule une journée s’est déroulée avant le confinement.
Quand la crise est survenue, les échanges se sont passés « naturellement », explique Laëtitia Pilloy. « Je n’ai rien changé à mes anciennes pratiques de dialogue. Je reste, dans le cadre du CSE, dans l’information systématique des représentants du personnel, en leur demandant de m’interpeller si l’information n’est pas claire, en cas de difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de toutes les directives, sans attendre les réunions prévues en visioconférence. » Le rythme de réunions est doublé, une tous les quinze jours. Nouvel élu FO au sein du CSE, Julien Meinsmer, auxiliaire de vie, témoigne de cette fluidité : « Les échanges ont été très intenses, et c’était très rassurant pour les salariés. Le dialogue social et l’écoute des collaborateurs ont permis de rectifier très rapidement des éléments de protection importants. Par exemple, les blouses n’étaient pas adaptées au départ. L’information est remontée très vite, et d’autres équipements ont été commandés… » Dans cette association dont l’activité est fortement liée à la santé, l’ouverture sur des expertises extérieures s’organise immédiatement. Médecins du travail, référent risques professionnels de la Carsat, et même inspecteur du travail participent aux réunions, permettant d’éclairer les consignes officielles.
Reconnus comme personnels soignants, les salariés bénéficient de dispositifs de garde d’enfants et ont poursuivi très majoritairement leur travail. « On avait imaginé un impact plus important. Nous avions priorisé nos missions, à la demande du conseil départemental et des caisses de retraite, et avions prévu notamment de suspendre des activités de ménage pour des personnes plus autonomes. Finalement, quasiment toutes les missions ont pu être poursuivies. Nous avons ainsi pu prendre en charge notamment les sorties d’hospitalisation », précise Laëtitia Pilloy.
Une continuité d’activité qui s’explique en bonne partie par un lien constant avec les salariés de la part des syndicats et de la direction. « Nous disposons d’un système de télégestion, et l’ensemble des salariés ont un téléphone mobile, sur lequel ils reçoivent les plannings, les ordres de mission et permet un contact avec les responsables de secteur. Nous l’avons beaucoup utilisé pendant la crise, avec des messages courts, complétés d’informations et tutoriels sur notre site Internet. »
Infusant l’ensemble du CSE, la question de la santé-sécurité-conditions de travail n’est pas spécifiquement traitée dans la commission ad hoc, qui rencontre quelques problèmes de mise en place. « Le CHSCT était animé avec la direction, le CSSCT est censé s’auto-animer, explique Laëtitia Pilloy. Pour l’instant, cette commission n’arrive pas vraiment à échanger sans moi. C’est une vraie difficulté, nous avons à définir les modalités de travail pour la suite. »