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Sur le terrain

Télétravail : Wizi abandonne ses locaux

Sur le terrain | publié le : 15.06.2020 | Flora Peille

C’est un nouveau virage pour la start-up Wizi. Le télétravail imposé durant le confinement est désormais permanent. Les gains de productivité constatés ont eu raison des réticences de la direction et même des collaborateurs. La réussite de cette organisation du travail repose néanmoins sur de nombreux paramètres.

Les conséquences du confinement sur l’organisation du travail de la start-up Wizi sont inattendues. Cette entreprise de dix personnes a rendu les clefs de ses locaux situés à Bagneux (92) mi-mai. Pour cette jeune pousse créée en 2017, le télétravail s’est imposé et généralisé. Julien Lozano, CEO de la plateforme en ligne qui dématérialise les étapes d’une location longue durée entre particuliers, reconnaît une réticence initiale. « J’avais une vision péjorative. En tant que pilote, j’avais la sensation qu’être sur place permettait de mieux gérer », indique-t-il.

Avant, le télétravail restait exceptionnel. Ce qui n’était pas une volonté pour l’équipe au départ s’est transformé en « décision collégiale ». « Nous l’avons prise tous ensemble et elle a été votée à l’unanimité. Les contrats de travail ont été annexés d’un feuillet spécifique. C’est simple à mettre en place », explique-t-il. L’idée a été inspirée par les grandes sociétés telles que Facebook ou Twitter qui ont annoncé prolonger le télétravail permanent, au moins jusqu’à 2021. Chez Wizi, les horaires de travail sont inchangés et des contacts via une plateforme d’échanges ont lieu chaque jour. Le chef d’entreprise est conscient que le secteur d’activité se prête au télétravail. Les outils digitaux disponibles et la possibilité de vérification du travail en temps réel sont également des gages de réussite.

Les investissements réalisés pour ce changement de mode d’organisation du travail se sont résumés à la prise en charge de la connexion Internet à domicile par Wizi et l’achat d’un siège de bureau pour l’un des salariés. En revanche, le gain est considérable. « Nous économisons 40 000 euros de loyers annuels, mais nous allons en réinvestir une partie pour organiser des rendez-vous d’équipes ou des séminaires. »

Des options rassurantes

Julien Lozano reconnaît l’importance de fédérer les collaborateurs au travers de rencontres physiques. Il compte donc réunir son équipe tous les quinze jours. Les salariés qui désirent sortir de chez eux pour travailler, pourront s’installer dans des espaces de coworking à la fréquence qu’ils souhaiteront. Certaines limites apparaissent malgré tout. Si pour les métiers liés à l’informatique, la comptabilité ou le marketing, les choses se passent bien, une attention particulière est portée aux commerciaux qui pourraient connaître une moindre émulation ou voir retomber l’esprit de compétition qui leur est propre. Julien Lozano reste donc prudent. « Il faut prendre le sujet avec beaucoup d’humilité et l’expérimenter. Si dans deux mois, les performances régressent ou le stress se fait sentir, on reviendra dans un bureau. Pour l’heure, les résultats sont au rendez-vous depuis le début du confinement. » Selon lui, le télétravail favorise la concentration. « Les salariés passaient entre 1 h 30 et 2 h 30 par jour dans les transports et en arrivant le matin, ils n’étaient pas toujours en pleine forme », dit-il.

Réinventer son quotidien

Pour Jonathan Drozdzik, responsable commercial pour Wizi, le télétravail se passe bien, mais il est conscient que les rencontres sont inéluctables. « C’est très rassurant de savoir que des espaces de coworking sont disponibles à la demande et d’avoir la garantie que nous pourrions reprendre des locaux si c’était nécessaire », indique-t-il. Selon lui, l’idéal serait de pouvoir travailler en bureau deux semaines tous les deux ou trois mois. Il apprécie le confort d’organiser son travail lui-même et de gagner deux heures de vie personnelle par jour. Il envisage même de s’installer à l’étranger. Un de ses collègues a déjà, quant à lui, déménagé en Bretagne. Cet éloignement n’est pas pour déplaire à Julien Lozano, car selon lui, de nouveaux recrutements pourraient être simplifiés par la possibilité d’embaucher partout en France voire à l’étranger. En termes de management, le changement implique de la remise en question, comme le fait d’apprendre à faire confiance. À titre personnel, le CEO de Wizi voit déjà des bénéfices. « Avant, je traitais tous les problèmes comme des urgences. Maintenant, je hiérarchise. » De même, l’attention portée aux salariés évolue. Alors que le CEO pensait que le travail en open space favorisait la communication, il consacre désormais plus de temps à chacun lors d’entretiens individuels.

Auteur

  • Flora Peille