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Les clés

Changer le capitalisme, face à la transition écologique et sociale

Les clés | À lire | publié le : 15.06.2020 | Lydie Colders

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Changer le capitalisme, face à la transition écologique et sociale

Crédit photo Lydie Colders

Dans son livre Le Trou noir du capitalisme, Jean-Marie Harribey, membre des économistes atterrés, reprend sa critique étayée du néolibéralisme, cette fois-ci à l’aune de l’urgence climatique et sociale. Un essai militant ambitieux, qui invite notamment à « démocratiser » l’entreprise, vers une croissance soutenable.

Le capitalisme financier et sa logique « d’accumulation infinie » nous précipitent « dans un trou noir », épuisant les ressources planétaires et le travail humain, affirme Jean-Marie Harribey. S’appuyant sur la pensée de Marx ou de Keynes, son essai critique entend démontrer que la financiarisation de l’économie est « incompatible » avec la prise en compte de l’urgence climatique et sociale. Associant la théorie à de nombreuses études, l’économiste dresse un état des lieux rigoureux d’un capitalisme en crise « qui a atteint ses limites » : baisse de la croissance, de la productivité au travail, alors que les inégalités sociales et la dégradation de l’environnement augmentent. Comment dès lors amorcer une véritable transition sociale et écologique ? L’auteur décline trois grandes idées : instituer des biens et des services communs (eau, énergie, logement) et jouer sur la monnaie, intéressante analyse de la fiscalité carbone et des monnaies fiscales complémentaires comme alternative aux marchés financiers. Mais aussi « réhabiliter le travail », au moment où les transformations du numérique et la robotisation menacent « de fragiliser encore l’emploi » et les conditions de travail au niveau mondial.

Vers un modèle de coopérative

Côté travail, Jean-Marie Harribey estime qu’il faut surtout rompre avec « la domination » que le néolibéralisme fait subir aux salariés « avec ces nouvelles méthodes de management » les privant d’autonomie : « Les travailleurs ne cessent jamais, même avec les contraintes imposées, de prendre des initiatives ». Qu’ils soient exclus des conseils d’administration est donc « une incongruité », selon lui. Plus loin que la loi Pacte, il appelle donc à donner une véritable existence juridique de l’entreprise pour « lever l’anonymat de la propriété actionnariale ». Et prône « une véritable délibération démocratique des orientations de la production, de la réponse aux besoins locaux à la répartition des revenus », avec une gouvernance associant salariés, usagers et collectivités. Un modèle proche des coopératives, qui serait orienté vers une production « soutenable », associant la qualité des produits « d’usage » à celle du travail. Une idée séduisante, mais qui peut sembler marginale. L’autre piste (classique) serait selon l’économiste de continuer à baisser le temps de travail pour créer des emplois. Un scénario bien loin de la réalité post-Covid…

Auteur

  • Lydie Colders