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Le fait de la semaine

QVT : Une surcharge de travail à réguler

Le fait de la semaine | publié le : 15.06.2020 | Lys Zohin

À l’occasion de la Semaine de la qualité de vie au travail (15 au 19 juin), qu’elle organise chaque année depuis dix-sept ans, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) tire les premiers enseignements de la crise sanitaire, qui a entraîné une surcharge pour les salariés. Un vrai sujet de préoccupation pour les équipes RH.

Les signaux d’alerte sont passés au rouge. Après plus de deux mois de crise sanitaire, les salariés sont fatigués, voire épuisés, comme le montrent toutes les études de climat social. Placés brutalement en télétravail ou contraints de venir travailler la peur au ventre, souvent en sous-effectifs, incités à redoubler d’efforts pour tenter de rattraper l’activité perdue, ils n’ont vécu ni le déconfinement, ni la reprise du travail comme un « retour à la normale » avec des règles sanitaires draconiennes. Certes, certaines entreprises ont cherché à faire passer la pilule en accordant des primes, principalement aux premières lignes restées au front, dans le cadre d’accords « spécial Covid ». Mais le chantier des conditions de travail est à rouvrir d’urgence.

L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) l’a bien compris, en profitant de la 17e édition de Semaine de la qualité de vie au travail, du 15 au 19 juin 2020, pour tirer les premières leçons de la crise en matière de conditions de travail. Avec une question centrale : comment ajuster au mieux la charge de travail, avec le prescrit, le réel et le subjectif ? Pour l’Anact, la responsabilité revient essentiellement aux managers, en particulier de proximité, qui doivent « planifier et anticiper collectivement la charge, en définissant les objectifs et les moyens mis à disposition en fonction du nouveau contexte, suivre la charge de travail individuelle par un échange régulier avec les collaborateurs et l’ajuster en permanence et de manière collective pour s’adapter au contexte ». Ce qui implique de l’écoute et de l’autonomie donnée aux collaborateurs.

Le temps de travail (quel qu’en soit le décompte) ne constitue pas une mesure de la charge de travail. D’ailleurs, la loi Travail du 8 août 2016 introduit plus explicitement des éléments en faveur de l’évaluation de la charge de travail, puisque l’employeur doit « s’assurer régulièrement que la charge de travail du salarié est raisonnable et permet une bonne répartition dans le temps de son travail », selon des modalités adéquates. Certaines entreprises, comme Orange, ont ainsi conclu (en 2016) un accord de méthodologie selon la logique établie par l’Anact, celle du réel/prescrit/subjectif, pour l’évaluation et l’adaptation de la charge de travail. Il prévoit, entre autres, une boîte à outils, dans laquelle le cadre d’une négociation sur l’expression des salariés est proposé, de même qu’un exemple de guide de questionnement, une fiche charge de travail et un guide entretien individuel.

En outre, poursuit l’Anact, si le cadre temporel de travail en télétravail doit être défini, « il n’est pas recommandé d’effectuer un suivi des temps de l’ordre du contrôle, mais plutôt de faire confiance au télétravailleur pour atteindre les objectifs partagés ». Les managers peuvent également s’appuyer sur les accords – ou les chartes – sur le télétravail, quand ils existent, ou suggérer des règles pour mieux réguler l’usage des outils numériques et autoriser le droit à la déconnexion.

Droit à Prendre Soin De Soi

Certains experts préconisent même l’émergence d’un autre droit, celui de prendre soin de soi… « Au-delà de la responsabilité individuelle, qui fait que chacun doit apprendre à se décharger mentalement et s’accorder le droit de faire moins ou différemment, afin, in fine, de faire mieux, il paraît difficile d’aller plus loin que les actuels accords de QVT », souligne ainsi Laurence Bourgeois, ancienne spécialiste RH dans l’industrie et aujourd’hui fondatrice d’Hébélome Conseil, société spécialisée dans la performance durable. Au-delà de l’urgence actuelle, les entreprises ne pourront s’exonérer d’une réflexion sur leur culture et leurs valeurs, de même que sur la qualité des équipes managériales en place. « La surabondance d’informations, la surcharge de travail et le surmenage ne font pas bon ménage avec la performance », rappelle cette spécialiste. L’Anact alerte d’ailleurs sur ce thème, en listant plusieurs points de vigilance en matière de prévention des RPS, comme le renforcement du soutien managérial et des canaux d’information, de la détection et du soutien aux personnes en difficulté, en tenant compte des préoccupations individuelles. Face au danger de stress et de fatigue psychique qui rôde, réguler la charge de travail s’avère un impératif pour les entreprises lors de la reprise post-Covid.

Auteur

  • Lys Zohin