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Espagne : Des travailleuses des champs encore plus exploitées qu’avant

L’actualité | Internationale | publié le : 15.06.2020 | Lys Zohin

Des femmes qui cueillent des fraises en Espagne, vendues dans les supermarchés du reste de l’Europe, sont en butte à de « nouvelles formes d’exploitation », selon plusieurs associations de protection des droits des travailleurs. Celles-ci demandent aux Nations unies d’appeler l’Espagne et le Maroc à respecter leurs obligations en matière de protection des droits humains de la main-d’œuvre migrante. Les allégations d’abus, y compris sexuels, dans la filière des fraises, notamment, ne sont pas récentes. Mais cette année, les pressions pour une plus grande productivité redoublent sur ces femmes, du fait de la pénurie de main-d’œuvre venue du Maroc. Depuis la fermeture des frontières, seuls 7 000 travailleurs et travailleuses des champs ont pu passer, contre 18 000 habituellement. Non seulement les mesures de distanciation sanitaires ne sont pas respectées dans bien des exploitations agricoles, mais les conditions d’hébergement y sont déplorables, parfois dans des baraquements sans eau ni électricité. La crise du Covid-19 a, en outre, exacerbé les inégalités de genre. « Ces femmes sont d’autant plus vulnérables qu’elles ont des familles à nourrir », a pointé Hannah Wilson, une avocate qui travaille pour Women’s Link Worldwide. Cette association a recueilli des preuves de mauvais traitements auprès des syndicats et des travailleurs eux-mêmes. Autre phénomène lié à la pandémie, le système judiciaire a été quasiment mis à l’arrêt, ce qui signifie que d’éventuelles poursuites ne trouveront pas d’issues avant des années. Déjà, souligne Hannah Wilson, « les délais sont énormes. Ainsi, nous représentons, depuis 2018, quatre plaignantes dont les affaires n’ont toujours pas été examinées ». Le mois dernier, Philip Alston, rapporteur des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits humains, a visité des exploitations agricoles espagnoles. Dans un rapport très critique sur les conditions de travail des migrants, il dit avoir vu « des lieux que les Espagnols eux-mêmes auraient du mal à accepter comme faisant partie de leur pays ».

Auteur

  • Lys Zohin