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Le fait de la semaine

Apprentissage : Le patronat réclame des aides pour sauver la rentrée

Le fait de la semaine | publié le : 01.06.2020 | Benjamin d’Alguerre

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Apprentissage : Le patronat réclame des aides pour sauver la rentrée

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Avant même l’annonce du plan de relance de l’apprentissage par le ministère du Travail, les différents réseaux patronaux ont planché sur les mesures à mettre en place pour ne pas casser la dynamique engagée en 2019. Sans surprise, les aides directes aux entreprises font partie des coups de pouce les plus demandés…

Muriel Pénicaud devrait dévoiler son plan de « relance » de l’apprentissage dans les prochains jours. Certains acteurs de la formation n’hésitent pas à parler d’un « plan de sauvetage » tant il s’est vu bousculé par la crise du Covid-19 et la période de confinement. Alors que ce mode de formation principalement destiné aux jeunes (même s’il est désormais étendu jusqu’à 30 ans) avait connu une progression de 16 % depuis 2019, aujourd’hui, les différents réseaux de CFA craignent le pire. Dans les 560 établissements de la FNADIR (la fédération des directeurs de CFA), on s’attend à une diminution d’effectifs de l’ordre de 20 % à 30 %. Le CCCA-BTP, l’organisme paritaire qui chapeaute 126 CFA du bâtiment, redoute une chute de 20 %. La situation est encore pire dans les réseaux des chambres de commerce et d’industrie (CCI) : « La rentrée s’annonce fortement impactée : même si nous constatons une présence des candidats, les prévisions de baisse du nombre de contrats en apprentissage se situent entre 30 % et 50 % », calcule Pierre Goguet, président de CCI France.

Selon le Medef, entre 350 000 et 400 000 jeunes seraient prêts à signer un nouveau contrat d’apprentissage, mais la situation financière dégradée des CFA et les craintes pesant sur l’avenir de ce mode de formation pourraient en échauder plus d’un… « Une rentrée avec 300 000 potentiels apprentis « sur le carreau » serait un drame de plus dont il est difficile d’évaluer le coût social », juge l’organisation de l’avenue Bosquet. Bref, il y a urgence. « On n’a que huit semaines pour préparer la rentrée », soupire Franck Le Nuellec, directeur Développement et innovation stratégique du CCCA-BTP. Pour faire venir les jeunes, le réseau du bâtiment a d’ailleurs lancé l’opération « Booste ton apprentissage » le 25 mai, une campagne de sensibilisation aux métiers du BTP et à la formation par alternance au sein du réseau.

Aide unique

Mais la communication n’est pas tout. Ce que demandent les différents réseaux patronaux aux pouvoirs publics, c’est en priorité la mise en place d’incitations financières en direction des entreprises pour encourager celles-ci à ne pas laisser tomber leurs recrutements d’apprentis en 2020. « Si l’on ne veut pas casser la dynamique engagée en 2019, il ne faut pas que les apprentis deviennent une variable d’ajustement économique pour elles sans quoi tout risque de s’écrouler ! », prévient un responsable patronal. Actuellement limitées aux seules PME de moins de 250 salariés, ces primes au recrutement d’apprentis oscillent entre 4 125 euros (pour un apprenti de première année) à 1 200 euros (pour un apprenti de troisième année) par an. Insuffisant pour faire face à une situation aussi exceptionnelle, estime le Medef qui réclame… une aide unique de 10 000 euros par an pour tout contrat d’apprentissage signé avant le 31 décembre. Valable deux ans, ce coup de pouce financier concernerait toutes les entreprises, indépendamment de leur taille. Une demande que certains réseaux de l’apprentissage jugent toutefois excessive.

Dispositif « zéro charge »

Moins gourmandes, les CCI se contentent de requérir la généralisation de l’aide à l’apprentissage déjà existante à toutes les entreprises ainsi qu’à celles ayant dû placer leurs apprentis en chômage partiel durant le confinement. À quoi s’ajoute la recommandation d’un dispositif « zéro charge » sur les contrats d’apprentissage pour les TPE de moins de dix salariés. Une requête pas si éloignée de celle de la CPME et de l’U2P qui, elles aussi, militent davantage pour une réduction des charges sur l’embauche d’apprentis que sur un chèque accordé à l’employeur à la signature du contrat. Pour les CCI, quelques aménagements de la fiscalité sur l’apprentissage (compensation financière pour les établissements susceptibles de toucher moins de « part libre » de la taxe d’apprentissage – 13 % – que les entreprises peuvent librement affecter aux CFA de leur choix, mise en place d’un système de bonus pour les employeurs s’engageant à signer une charte de recrutement d’apprentis…) pourraient également être de nature à éviter le crash en septembre prochain.

Les organisations patronales souhaitent aussi le prolongement de la période pendant laquelle l’apprenti sans entreprise employeuse peut continuer à suivre son cursus dans un CFA. Douze mois pour l’U2P, neuf pour le Medef et six mois pour la CPME, celle-ci militant également pour un allongement du contrat d’apprentissage jusqu’à quatre ans. Régions et Opco sont aussi invités à prendre leur part : les premières en investissant davantage sur les aides au transport, au logement ou à la restauration des apprentis (lire l’encadré), les seconds en débloquant davantage de fonds pour permettre aux jeunes de disposer de l’équipement informatique suffisant pour poursuivre un cursus à distance, en cas de rebond de la pandémie.

Compliqué dans les deux cas, car si certaines collectivités comme les Hauts-de-France ont pris l’initiative de poursuivre leurs investissements dans l’apprentissage, d’autres ne s’en soucient plus, maintenant qu’elles ont perdu la compétence en la matière.

Quant aux OPCO, dont certains n’ont toujours pas accordé aux CFA l’intégralité des premiers versements qui auraient dû l’être au titre des coûts-contrats en février, rien ne dit que leur trésorerie leur permettra d’accorder ces coups de pouce après le paiement du solde au mois de juin…

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre