Dans un rapport publié le 20 mai 2020, les magistrats de la Cour des comptes dévoilent les limites de la mise en œuvre de l’accompagnement de la réforme du système d’inspection du travail opéré en 2014. Plus généralement, la Cour pointe la défaillance de la politique des ressources humaines dans cette administration. Passer d’une logique fondée sur les individualités des inspecteurs du travail à un contrôle plus global basé sur des objectifs collectifs est, depuis les réformes de 2014, le but de tous les ministres du Travail qui se sont succédé. L’idée était surtout de « renforcer l’impact et l’homogénéité des contrôles sur l’ensemble du territoire », face à un droit du travail dont la complexité était toujours croissante (lire l’interview). Mais la gestion RH de cette transformation est vivement critiquée par la Cour des comptes, dans la troisième partie de son rapport publié le 20 mai 2020. Elle pointe surtout le manque d’accompagnement sur plan des ressources humaines, alors même qu’il était fortement nécessaire au vu de l’ambition de la réforme. Même si celle-ci a été favorable pour les quelques contrôleurs promus inspecteurs, le rapport relève que le levier indemnitaire n’a pas été suffisamment utilisé par l’administration pour encourager l’implication professionnelle des agents. Pire encore, le fond de la réforme n’a pas réussi à mobiliser suffisamment d’agents : « Les volontaires n’étaient pas très nombreux, car ils s’exposaient directement à la résistance contre la réforme et la nomination au grade de directeur adjoint n’était pas toujours une compensation suffisante », observe la Cour des comptes. Selon elle, les difficultés pourraient être surmontées avec une véritable stratégie des ressources humaines et des outils de management pour l’inspection du travail. Il s’agit d’améliorer l’attractivité des concours, bâtir des formations répondant à l’impératif de compétence et de spécialisation et d’ouvrir des perspectives de carrières.