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Sur le terrain

Reconversion : Mahle Behr, sous-traitant auto devenu fabricant de masques

Sur le terrain | publié le : 25.05.2020 | Mathieu Noyer

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Reconversion : Mahle Behr, sous-traitant auto devenu fabricant de masques

Crédit photo Mathieu Noyer

Le sous-traitant automobile prête du personnel et ses locaux pour lancer une usine de masques. L’initiative réduit dans un premier temps son chômage partiel et permettra ensuite des reclassements dans le cadre de son propre PSE.

La plus grande usine de masques de l’Est de la France sera… un site automobile. En effet, le fabricant de climatisations Mahle Behr à Rouffach (Haut-Rhin) va abriter la production à grande échelle des équipements de protection contre le Covid-19 : la cadence montera progressivement à 4 millions d’unités par semaine. L’entreprise ne fait pas que prêter environ 10 % de ses locaux. Elle met également du personnel à disposition, dans un contexte particulier : du chômage partiel, mais aussi un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) entamé en début d’année.

Le montage mis au point comporte tout d’abord un dispositif de prêt de main-d’œuvre sur la base du volontariat de Mahle Behr France vers la société Barral, créée pour la fabrication des masques à l’initiative du Pôle Textile Alsace, et qui lui est juridiquement indépendante. Sur l’effectif de 639 CDI à Rouffach, 90 salariés changeront ainsi de métier d’ici à juin. Le chiffre redescendra à un palier d’une cinquantaine de personnes en juillet au moment de la pleine cadence : celle-ci entraîne en effet une plus grande automatisation. Ce personnel aura été formé par des cadres d’entreprises textiles et recruté parmi les quelque 300 salariés qui étaient encore en chômage partiel ces derniers jours. « Cela leur permettra de retrouver une rémunération à 100 % », souligne Denis Pieczynski, délégué Unsa. Les personnes concernées ne changent pas d’employeur, ni de salaire, un avenant au contrat de travail stipule leur mise à disposition de Barral.

Impact indirect sur le PSE

Les syndicats de Mahle Behr France (CFDT, CFTC, Unsa, CGT, CFE-CGC) portaient l’espoir que l’implantation de l’usine de masques ait un impact encore plus significatif, avec l’allègement, voire la remise en cause du PSE qui touche 236 emplois. À leur déception, tel ne sera pas le cas : « La direction (qui refuse tout contact avec la presse, NDLR) a été ferme lors du CSE du 6 mai : l’initiative n’aura pas de conséquence sur le plan social. Le calendrier des départs, d’abord volontaires, est enclenché au 15 mai », rapportent-ils.

Comme un reclassement

L’unité de masques n’est pas exempte pour autant d’effet indirect. La nouvelle société Barral, qui se veut d’activité pérenne, compte conserver en CDI 20 à 25 futurs ex-Mahle Behr. « Ils ne sont pas prioritaires en tant que tels, mais auront l’avantage d’une première expérience du métier, à l’examen des candidatures », soulignent les dirigeants de Barral. « Les compétences pointues des salariés de Mahle Behr, en pilotage de lignes automatisées, maintenance industrielle et organisation de production, qui nous ont incités à choisir ce site dans la situation d’urgence du moment, resteront un atout pour la suite », appuie Philippe Chican, porte-parole du Pôle Textile Alsace.

Ces embauches entreraient ainsi dans le cadre du reclassement externe du PSE de Mahle Behr… avec la particularité que, physiquement, les bénéficiaires ne changeraient pas de lieu de travail. « S’appliqueront alors à eux les dispositifs négociés du plan social, en particulier le maintien dans la convention collective de la métallurgie pendant quelques années », complète Denis Pieczynski. Ils rejoindront ensuite la convention collective du textile. À charge pour eux de négocier dans quelle mesure ils pourraient conserver des avantages de leur statut antérieur.

Barral ouvrira un nouveau chapitre à une initiative enclenchée de façon plus artisanale par le Pôle Textile Alsace à la mi-mars. Pendant près de deux mois, l’association représentant la filière dans la région a agrégé 38 sites pour constituer une chaîne de fabrication. Pour produire au cumul 700 000 masques, l’initiative a mobilisé 150 salariés volontaires. Elle est renforcée par 250 couturières réparties dans 12 ateliers éphémères montés avec la communauté d’agglomération Mulhouse Alsace Agglomération (Haut-Rhin). Ces personnes vont poursuivre leur production à petite échelle. Elles sont bénévoles, le pôle paiera 1,30 euro hors taxe par masque fabriqué, somme reversée à la communauté d’agglomération pour qu’elle en fasse une libre affectation.

Auteur

  • Mathieu Noyer