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Compétences : À Toulouse, un GEIQ pour répondre aux besoins du numérique

Le point sur | publié le : 25.05.2020 | D. P.

Le tout nouveau GEIQ Nooc (Numérique Ouest Occitanie) a dû mettre un coup d’arrêt provisoire à son développement en raison de la crise sanitaire. Il est pourtant étudié avec attention par le réseau des GEIQ, qui souhaitent diversifier leur offre.

La pénurie de compétences dans le numérique va-t-elle se poursuivre avec la même acuité après la crise du Covid-19 ? C’est un pari encore hasardeux, mais l’espérance est là. « Les métiers du numérique sont en tension sur notre territoire, explique Julien Viguet, chargé de missions à Toulouse Métropole Emploi. Nous avions lancé une opération de GPECT (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale) en 2015, mais plus qu’une analyse quantitative, nous souhaitions réaliser une étude permettant d’identifier et de hiérarchiser les besoins de compétences des entreprises de la région, celles qui exercent spécifiquement dans le domaine du numérique, mais également les autres, qui peuvent également recruter des personnes formées. » 250 entreprises ont répondu, et la décision de créer un GEIQ spécifique à ces métiers a été prise. Les premiers alternants ont été recrutés et intégrés le 9 mars dernier, dans une première promotion.

Combattre les préjugés

Avantage : la possibilité, de par la mission de recrutement et d’accompagnement des publics éloignés de l’emploi, de « démocratiser l’accès à ces métiers », pour reprendre l’expression du chargé de mission. Les a priori ont toujours la vie dure, et les exigences des entreprises, qui ont tendance, malgré la pénurie que la France a connue, à privilégier l’embauche de bac + 5, doivent faire l’objet de persuasion. Encore une fois, la spécificité des GEIQ joue en la faveur du dispositif. Avec six entreprises fondatrices, et trois nouvelles en perspective avant la crise sanitaire, la force de persuasion est de mise. « L’important est de développer la relation avec les employeurs potentiels pour faire connaître le dispositif, explique Sophie Augier, directrice du GEIQ. La plus grande difficulté est là, il faut prendre le temps de la pédagogie, auprès des TPE, PME ou grands groupes. Airbus notamment fait partie des adhérentes fondatrices du GEIQ. Pour les entreprises, le mot insertion revêt des représentations négatives, mais elles finissent par se rendre compte qu’elles ne peuvent pas se plaindre du manque de compétences si elles ne participent pas. Quand nous leur présentons des candidats, elles s’aperçoivent souvent que leurs préjugés n’ont pas lieu d’être. » Avec le confinement, le développement et la communication sur le programme ont dû s’arrêter. Et l’avenir d’Airbus et de l’industrie aéronautique peut susciter des interrogations, sinon des inquiétudes.

Des programmes sur mesure

Âgés en moyenne de 30 ans, les futurs développeurs sélectionnés ont des profils différents. « La première promotion est composée de trois femmes et trois hommes, cinq relèvent de l’insertion, une personne est handicapée. » Organisées avec l’école Simplon, les formations de développeur mobile et développeur web dureront un an en alternance, à raison d’une semaine par mois dans l’organisme de formation, et aboutiront à des titres professionnels de niveau bac + 2. Une autre formation conduira à un diplôme de niveau bac + 3 de concepteur-développeur d’application. Ces programmes sur mesure répondent, selon Sophie Augier, à un manque « entre les formations intensives au numérique organisées pour partie au sein de la Grande école du numérique, et des diplômes préparés sur plusieurs années. » Avant la crise, l’objectif était de former 25 personnes par an. Le GEIQ a « démarré en faisant de la dentelle, du sur-mesure », explique-t-elle. Du sur-mesure qui s’est amplifié avec la crise. Avec des entreprises qui ont joué le jeu : sur les six salariés, quatre ont pu continuer en télétravail, constate Sophie Augier. Pour les deux autres, ce n’était pas possible. « L’organisme de formation a également eu une bonne réactivité, et la formation a pu se poursuivre à distance, avec une action de formation complémentaire de 45 heures pour les deux salariés en chômage partiel. » Nous devions démarrer une deuxième session, en mai, reste à savoir si des entreprises vont suivre, mais nous allons mettre les moyens. Nous prendrons quelques mois de retard par rapport à nos perspectives. Mais « globalement, je pense que le secteur du numérique aura un rôle à jouer dans le monde d’après, espère Sophie Augier. Dans le développement du télétravail, il y aura des outils à développer, et je pense que le secteur s’en sortira vraisemblablement mieux. Mais évidemment, pour les entreprises qui travaillent pour le secteur du tourisme notamment cela va être plus compliqué. » Mais il va sans dire que les difficultés rencontrées par Airbus, gros employeur du territoire toulousain et de ses sous-traitants, sont une forte source d’inquiétude territoriale…

Auteur

  • D. P.