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Questions à Isabelle Eynaud-Chevalier, directrice générale de Prism’Emploi : « Un frémissement dans le redémarrage du travail temporaire »

L’actualité | publié le : 25.05.2020 | Benjamin d’Alguerre

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Questions à Isabelle Eynaud-Chevalier, directrice générale de Prism’Emploi : « Un frémissement dans le redémarrage du travail temporaire »

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

Quelle est la situation de l’intérim après un mois et demi d’arrêt de l’économie ?

Une première estimation effectuée dès le 19 mars nous avait amenés à constater une baisse d’activité de l’ordre de 75 %. Il apparaît que cette diminution est en réalité légèrement inférieure à 70 %. Ce qui correspond à l’équivalent de 500 000 ETP sur une base annuelle. C’est du jamais-vu. L’essentiel de l’activité économique s’est arrêté du jour au lendemain et les quelques secteurs qui ont poursuivi leurs activités (agro-alimentaire, pharmacie, grande distribution, transport-logistique…) n’ont pas permis de compenser les arrêts subits de missions intérimaires qui, à 60 %, se déroulent dans les domaines du BTP et de l’industrie. Il est heureux que le ministère du Travail se soit saisi, dès le mois de mars, de la question du travail temporaire en décidant que tous les intérimaires seraient éligibles à l’activité partielle. Une précision toutefois : le fait que le chômage partiel ait été ouvert massivement à l’intérim ne signifie pas que tous les travailleurs temporaires sans emploi enregistrés pendant le confinement aient pu en bénéficier. Nous n’avons pas encore de chiffres exacts. Globalement, on peut dire aujourd’hui que les CDI intérimaires ont pu en bénéficier, de même que les contrats de travail temporaires les plus longs. Mais c’est sur les missions « classiques » d’intérim que nous avons constaté le plus de dommages sur le plan social, compte tenu de la durée limitée des missions. Certains intérimaires ont ainsi pu connaître des périodes alternant entre chômage partiel et chômage tout court. Les permanents des entreprises de travail temporaire ont d’ailleurs accompli un travail colossal en essayant au mieux de repositionner ces intérimaires sur des missions dans les secteurs en tension. Ils continuent cet effort dans la période post-confinement et utiliseront toutes les opportunités d’emploi pour aider leurs salariés à retrouver une activité.

L’intérim repart-il depuis le déconfinement ?

Nous sentons un frémissement, mais pas encore un retour massif à l’activité puisque de nombreux secteurs pourvoyeurs d’emplois intérimaires, comme le tourisme ou les hôtels-cafés-restaurants, demeurent fermés et que d’autres, comme le bâtiment, redémarrent doucement. On estime aujourd’hui que le secteur n’a retrouvé en moyenne que 50 % de son activité. Il ne faut pas oublier que plus de 10 millions de salariés ont été placés en activité partielle : les entreprises qui reprennent progressivement le travail font revenir leurs permanents en priorité. Beaucoup d’entre elles ne sont pas encore en situation de faire à nouveau appel à de la main-d’œuvre intérimaire.

Le dialogue social a-t-il été efficace dans la branche ?

Nous avons été très actifs pendant la période. Prism’emploi a signé plusieurs décisions paritaires avec les syndicats. La première sur la formation, en donnant un coup d’accélérateur aux dispositifs de branches (« neutralisation » de la période d’interruption des formations engagées pendant la pandémie, ajout d’un mois supplémentaire de formation pris en charge par l’Opco Akto), deux autres adoptées à l’unanimité sur la santé et la sécurité au travail se sont traduites par l’édition de recommandations destinées aux ETT, aux entreprises utilisatrices, aux salariés permanents et aux salariés intérimaires pour les informer sur le respect des règles sanitaires.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre