France Tiers-Lieux souhaite prendre sa part dans la relance de la formation professionnelle post-confinement.
Cela fait un an maintenant que France Tiers-Lieux, installée en mai 2019, travaille à bâtir et structurer la filière qui recense quelque 2000 tiers-lieux en France (espaces de coworking, ateliers de makers, fablabs, hackerspaces, etc.) et 110 Fabriques de territoire (des tiers-lieux ressources territoriaux) d’ores et déjà labellisées. Dans le contexte des profondes transformations sociales induites par la crise du Covid-19, l’un de nos objectifs est de faire de ces structures d’hyperproximité qui accueillent déjà des entrepreneurs et des créateurs, des espaces où salariés et demandeurs d’emploi en formation ou réinsertion pourront être accueillis et formés. L’accès à des outils numériques ou industriels comme les imprimantes 3D peut permettre à ces structures de devenir à la fois des lieux d’apprentissage par le faire, mais aussi des laboratoires d’innovation pédagogique. C’est pourquoi nous avons lancé, début mai, le projet de mobiliser les tiers-lieux dans le cadre de la reprise des activités de formation interrompues par le confinement. C’est une idée que nous portons en partenariat avec le haut-commissaire aux compétences, Jean-Marie Marx. À cet effet, nous venons de diffuser un questionnaire au sein de notre réseau pour réaliser un état des lieux des capacités d’accueil et des initiatives déjà prises. Cette consultation, qui s’est achevée le 15 mai, nous permettra de bâtir une feuille de route sur les services à développer en partenariat avec les acteurs de terrain.
Je l’espère ! Les règles sanitaires et de distanciation sociale qui vont perdurer pendant un certain temps impliquent une disruption nette dans la façon de réaliser des actions de formation. Il n’est plus possible à un prestataire de réunir des groupes importants de stagiaires comme il pouvait le faire avant la pandémie. Or, les tiers-lieux peuvent devenir des espaces de proximité susceptibles d’ouvrir leurs portes à ces stagiaires en partenariat avec les professionnels de la formation. Mais aussi des espaces où il sera possible de construire avec eux de nouvelles approches pédagogiques de type Afest (action de formation en situation de travail) ou portées par le digital. La crise entraîne deux conséquences fortes pour l’appareil de formation : la nécessité de remettre en question les modalités d’apprentissage telles qu’on les connaît et l’éruption du digital dans l’appareil formatif. Jusqu’à présent accessoire, il va devenir capital ! Nous allons vers une révolution des apprentissages et les tiers-lieux peuvent y jouer un rôle.
Pour l’instant, nous sommes encore au stade de la collecte d’informations et n’avons pas encore échangé avec les fédérations professionnelles du secteur, mais nous voyons déjà un plan d’action se dégager : il s’agira d’abord de mettre en lien les tiers-lieux et les organismes de formation présents à proximité (qu’ils soient publics, privés ou relevant de l’ESS) pour qu’ils puissent élaborer des stratégies communes ; puis le haut-commissariat et France Tiers-Lieux travailleront avec les régions afin que celles-ci intègrent les tiers-lieux dans leurs plans emploi régionaux. Enfin, il s’agira de réfléchir, avec tous les acteurs du secteur, sur les types de pédagogies à déployer. Y compris expérimentales.