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Demain, tous télétravailleurs ?

Les clés | Tendance éco | publié le : 11.05.2020 | Alain Roux

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Demain, tous télétravailleurs ?

Crédit photo Alain Roux

Les organisations ont massivement adopté le télétravail. Fin mars 2020, il concernait un quart des salariés, selon la Dares, soit trois fois plus qu’avant la crise sanitaire. En 2015, seuls 7 % des salariés le pratiquaient de manière régulière ou occasionnelle. À première vue, beaucoup découvrent les joies du télétravail. Ainsi 42 % des télétravailleurs reconnaissent « n’avoir jamais travaillé à distance avant le confinement », selon une note de Terra Nova du 30 avril (menée en partenariat avec Entreprise &Carrières et Liaisons sociales magazine). Les trois quarts d’entre eux font part de conditions de travail « faciles » ou « très faciles », et les managers « se félicitent des bienfaits du travail à distance sur la confiance dans les relations de travail, sur la productivité des collaborateurs ou sur leur capacité d’initiative ». Les échanges ne sont pas dégradés, bien au contraire : 31 % des managers jugent qu’ils en ont « autant qu’avant » avec leurs collaborateurs, 51 % considèrent qu’ils en ont « plus souvent qu’avant ».

Source d’inconforts

Les dernières barrières pour une conversion définitive au télétravail sont-elles levées ? Pas tout à fait. Deux télétravailleurs sur cinq ne bénéficient pas de « lieu dédié » et doivent exercer leur activité professionnelle « dans des espaces destinés à un autre usage et/ou partagés avec d’autres personnes ». La présence d’autres membres de la famille peut générer des inconforts : « Les conditions de concentration et de tranquillité ne sont donc pas optimales pour tout le monde ». Cette expérience du télétravail est celle d’une meilleure autonomie et de gains de temps, mais il est aussi moins idéalisé. « Pour celles et ceux qui auront fait cette expérience durant les semaines de confinement, le travail ne sera plus tout à fait comme avant, mais le télétravail non plus ! » Ainsi, les confinés ne réclament pas en majorité la généralisation du télétravail, selon l’enquête de la chercheuse Lise Bourdeau-Lepage. Un gros tiers (39 %) des répondants n’y sont pas favorables, soit davantage que les personnes favorables (36 %) ou sans avis (25 %). L’isolement social, la séparation avec la vie privée, le stress ou l’augmentation de la charge de travail constituent les facteurs explicatifs.

Disparités sociales et régionales

L’organisation actuelle autour du télétravail ne se déroule pas hors sol, mais pendant une crise sanitaire qui révèle à nouveau des lignes de fractures entre les catégories socioprofessionnelles, bien documentées par une étude de la Fondation Jean-Jaurès du 8 avril. D’un côté, les cadres et professions intellectuelles font massivement l’expérience du télétravail (66 %), une minorité travaillant sur site (17 %), ou étant en congé, chômage ou chômage partiel (17 %). De l’autre, 39 % d’ouvriers et d’employés continuent de venir travailler et se trouvent davantage exposés au virus. Seule une petite minorité télétravaille (5 % pour les ouvriers, 19 % pour les employés). Outre les disparités sociales, il existe d’importantes disparités régionales. En Île-de-France, le taux de télétravailleurs atteint des sommets (41 %) alors que dans les autres régions, il n’est que de 27 %.

Auteur

  • Alain Roux