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Entretien : « Un fort esprit de solidarité s’est exprimé à la Matmut »

Le point sur | publié le : 11.05.2020 | Dominique Perez

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Entretien : « Un fort esprit de solidarité s’est exprimé à la Matmut »

Crédit photo Dominique Perez

Le don de congés pour la mutuelle d’assurances (6 200 salariés) n’a pas été mobilisé ou incité pour compléter financièrement les indemnités versées dans le cadre du chômage partiel. Mais pour susciter l’adhésion autour de la notion de solidarité, souligne Olivier Ruthardt, directeur général adjoint Groupe Matmut, ressources humaines et relations sociales.

Vous avez proposé un accord d’entreprise, signé par trois syndicats1, instituant un don de jours de congés au bénéfice d’associations et de pose de congés solidaires. Pour quelle raison avez-vous choisi de faire appel à la solidarité des salariés ?

L’une des raisons d’être de cet accord est en lien avec les valeurs de l’entreprise. Tandis que nous réfléchissions à un acte de solidarité vis-à-vis des sociétaires, nous nous sommes dit qu’une action externe était certes bien, et nous sommes demandés dans le même temps comment nous pouvions l’accompagner en interne ? C’est pourquoi nous avons proposé deux dispositifs, sur la base du volontariat.

Comment se déclinent ces propositions ?

La pose de congés solidaires est ouverte à tous les salariés, en CDI, CDD ou alternance et permet de prendre jusqu’à six jours de congés, à suivre ou répartis sur plusieurs semaines avant le 3 mai, et ce depuis le 17 mars. En contrepartie, 12 euros par jour de congé ainsi mobilisé sont reversés à une association. Avec le don de congés solidaires, le salarié peut renoncer jusqu’à cinq jours de congés. L’entreprise verse dans ce cas la somme équivalente au salaire qui aurait été payé à une des associations concernées et abonde ce don de 20 euros par jour.

Ces deux propositions sont donc sur la base du volontariat. Pour la pose de congés, vous auriez pu, selon la loi, sous réserve d’un accord d’entreprise ou de branche, l’imposer pendant le temps de la crise. Quel est l’intérêt de l’entreprise ?

Nous savons faire confiance. Et nous avons déjà fait des propositions pour inciter à la solidarité des salariés. Nous avons effectué deux opérations de solidarité. L’une permettant aux collaborateurs d’arrondir leur salaire, soit en euros soit en centimes d’euros, la différence étant versée à des associations. L’autre concernait des dons de jours de congés pour les aidants, monétisés et placés sur un compte anonyme. Ces deux opérations ont eu un succès plus mesuré que celui que nous connaissons aujourd’hui dans le cadre de la crise sanitaire.

C’est-à-dire ?

Elles ont connu une participation des salariés, de l’ordre de 5 % à 6 % pour la première, moins de 5 % pour la deuxième. Alors que pour ce dernier accord, près de 20 % des salariés ont donné au moins un jour de congé, avec une moyenne de plus de trois jours. Et 51 % des salariés ont posé des jours de congés solidaires, quatre jours en moyenne. Nous sommes vraiment satisfaits du résultat.

Y a-t-il un « effet Covid ? »

Il est certain qu’il y a une conscientisation, un esprit de solidarité qui s’est exprimé plus fortement, et les trois associations que nous avons choisies ont été relayées par les médias. La Fondation de France au bénéfice des soignants parle beaucoup à nos collègues, 47 % des dons l’ont concernée. Les thèmes de l’exclusion sociale et de la maltraitance des femmes également. Les choix des salariés se sont ainsi portés à 24 % pour la Fondation Abbé-Pierre et à 28 % pour la Fondation des femmes.

Et quel est l’intérêt pour l’entreprise ?

Il n’est pas financier. Nous pensons que la période veut que les salariés ne soient pas dans le doute et que la solidarité de l’entreprise doit aussi s’exercer. Concernant la pose de congés, il est vrai que cela nous permet de mieux répartir le travail dans le temps. Mais dans ces périodes difficiles, la solidarité remporte aussi l’adhésion des salariés. L’objectif est atteint. Nous avons commandé un sondage à l’Institut Harris Interactive montrant que près de 90 % des salariés sont satisfaits des mesures de solidarité mises en place dans le cadre de la crise sanitaire…

(1) Accord signé par la CFE-CGC, premier syndicat du groupe, la CFDT et la CFTC, mais refusé par la CGT.

Auteur

  • Dominique Perez