Alors que le déconfinement progressif se met en place, la question des tests devient cruciale. Le « protocole de déconfinement » diffusé le 3 mai par le ministère du Travail indique en introduction que « la généralisation des tests ou de la prise de température en entreprise n’est pas recommandée » et, plus loin, que « les campagnes de dépistage organisées par les entreprises pour leurs salariés ne sont pas autorisées ». Le point avec un spécialiste.
Les derniers textes du ministère du Travail sont clairs : les tests dans les entreprises sont interdits. Le Conseil de l’ordre des médecins avait déjà mis en garde. C’est une question de respect du secret médical or quand des tests sont pratiqués par des employeurs, il y a une atteinte à la vie personnelle. Les tests en entreprise ne doivent se faire que dans des conditions bien précises, notifiés dans un règlement intérieur, en relation avec des risques particuliers.
Le Haut conseil de santé publique n’est pas favorable à la prise de température. Elle ne résout pas la problématique du porteur sain. Ce type de dispositifs peut donner l’impression d’une fausse sécurité et amener les personnes à négliger les mesures barrières. Le gouvernement, par certaines préconisations, semble prendre les citoyens pour des enfants. Il faut faire appel à la responsabilité de chacun. Est-ce qu’une personne avec une forte fièvre ou des symptômes va aller travailler ? Quelle conclusion tirer si une prise de température ne révèle aucune fièvre ? Le même problème se pose avec les personnes négatives au test sérologique. Va-t-on les tester tous les jours ? Ce type de mesure n’a aucun caractère prédictif. Une personne négative le matin peut déclarer la maladie le soir. Entre-temps, elle a pu contaminer un certain nombre de personnes. Même si elle ne déclenche pas de forme grave de la maladie, elle peut la transmettre. Les études montrent qu’au moins la moitié des personnes atteintes par le Covid-19 sont des porteurs sains, qui ne présentent aucun symptôme, mais peuvent transmettre la maladie. Ces personnes passeront la prise de température sans être détectées et peuvent en contaminer d’autres. Le plus important est donc le respect des mesures barrières qui incluent le port des masques.
Le premier devoir des employeurs est de mettre en place les mesures barrières et de les faire respecter. Cela ne passe pas forcément par un contrôle systématique qui n’aurait pas de fin. Si un décret autorise les médecins du travail à procéder à des tests dits PCR (polymerase chain reaction – NDLR), il faudra qu’ils bénéficient de matériel adapté et de masques FFP2. Aujourd’hui, ils n’en disposent pas et la DGT n’est pas en capacité de leur en fournir. Si nous n’avons pas ces masques, nous ne ferons aucun test. Il serait irresponsable de demander aux médecins du travail de les faire sans une protection élémentaire.
(1) Syndicat national des professionnels de la santé au travail.