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Sur le terrain

Poursuite d’activité : Jeumont Electric remonte en puissance

Sur le terrain | publié le : 27.04.2020 | Lys Zohin

Spécialisée dans la fabrication de machines électriques tournantes pour les secteurs de l’énergie, de la marine et de l’industrie, essentiels pour l’économie, l’entreprise a rapidement décidé la reprise progressive de ses activités. La culture de solidarité joue à plein.

Pas question, lorsqu’on fournit des équipements au parc nucléaire et des systèmes de propulsion à la Marine nationale, dont les bâtiments sont mobilisés pour lutter contre l’épidémie, de cesser trop longtemps les activités… Après deux semaines d’arrêt, du 16 au 30 mars, Jeumont Electric, une ETI de 500 salariés, basée près de Maubeuge, a relancé la production pour servir des clients essentiels à l’économie comme EDF ou Naval Group. « Ces deux semaines ont surtout été l’occasion d’organiser le redémarrage », indique Brahim Ammar, président de Jeumont Electric. À la suite d’une consultation du CSE, la prise de jours RTT et de congés a été décidée. Cette période d’arrêt a été mise à profit pour identifier les projets dont le taux d’avancement est supérieur à 85 %, qu’il fallait terminer afin de servir les clients, le tout sans être tributaire de fournisseurs extérieurs, dont les activités étaient elles aussi à l’arrêt. Ensuite, il a évidemment fallu penser aux mesures sanitaires dans les ateliers. Masques, visières fabriquées sur les imprimantes 3D de la société, présence d’un service médical qui prend la température des salariés, dont les flux ont été organisés de façon à ce qu’ils ne se croisent pas : rien n’a été laissé au hasard, pas même les machines à café, condamnées pour éviter tout rassemblement dangereux, de même que le restaurant d’entreprise, les collaborateurs recevant des plateaux-repas. Enfin, des haut-parleurs rappellent régulièrement les gestes barrières aux salariés.

À plein régime si possible fin avril

Aux volontaires, en fait, puisque Jeumont Electric a opté pour cette solution, qui permet d’étaler la remise en marche de l’usine. « L’idée était de ne pas être dépassés et d’assurer une distanciation adéquate, précise Brahim Ammar. Nous avons commencé avec 40 salariés, puis 60. Nous prévoyons d’avoir, si les conditions de sécurité sanitaire le permettent, les trois quarts de l’effectif de la production en poste à la fin avril, tandis que d’autres sont en télétravail. » Pour le travail à distance, il a fallu garantir la sécurité informatique, via un réseau VPN.

De 20 % à la reprise, les activités montent donc progressivement en puissance. Si l’ETI, qui affiche 100 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, a voulu maintenir les opérations pour soutenir les acteurs clés de l’économie, elle cherche également, dans le cadre du prêt garanti de l’État (PGE), à préserver sa trésorerie, ne serait-ce que pour assurer les paiements aux fournisseurs et sous-traitants, et garder ainsi son réseau.

Des cadres solidaires avec les ouvriers

Pendant ces deux semaines de préparation, s’est également posé le problème du chômage partiel. Le but de Brahim Ammar était d’y recourir le moins possible. Question de philosophie, dans une entreprise plus que centenaire, mais aussi pour des raisons financières, le système ne couvrant pas l’intégralité des salaires. « Selon les accords dans la métallurgie, les cadres sont rémunérés à 100 %, mais ce n’est pas le cas des non-cadres, précise le patron de l’ETI. Nous avons négocié avec les syndicats pour faire en sorte que les cadres perçoivent un peu moins et les non-cadres un peu plus. Et nous n’avons rencontré aucune difficulté pour que cette solidarité se mette en place », se réjouit-il.

La solidarité prend également d’autres formes. « Les salariés peuvent échanger entre eux via une plateforme et demander ou proposer de l’aide, pour l’encadrement scolaire par exemple, explicite Brahim Ammar. Nous avons l’habitude du collectif. » En outre, les managers, qui se réunissent tous les jours en visioconférence, à 9 heures, ont identifié quelques cas spécifiques, dont des familles sans connexion Internet, qu’il faut davantage soutenir. À cela s’ajoute une newsletter, détaillant la situation de l’entreprise, et notamment sa trésorerie, envoyée régulièrement aux collaborateurs. « Grâce à ces pratiques de management et de transparence, nous n’avons pas de tension entre ceux qui sont en télétravail, ceux qui sont dans les ateliers et ceux qui sont encore au chômage », se félicite Brahim Ammar. Un avantage clé pour la société. Qui pourrait même profiter des leçons de la crise pour réorganiser une partie du travail. « Le télétravail n’était pas très répandu chez nous, puisque nous sommes essentiellement dans la production, relève ainsi le dirigeant. Mais cela pourrait évoluer. De même, certains horaires, décalés pour des raisons de sécurité sanitaire, pourraient perdurer », dit-il.

Auteur

  • Lys Zohin