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RPS : La crise impacte la santé psychologique des salariés

L’actualité | publié le : 27.04.2020 | Nathalie Tran

À mesure que le confinement s’étire, la détresse psychologique et l’anxiété augmentent chez les collaborateurs. C’est ce que met en lumière une étude menée du 31 mars au 8 avril 2020 par Opinion Way pour Empreinte humaine, cabinet spécialisé dans la promotion de la QVT et la prévention des risques psychosociaux, auprès de plus de 2 000 salariés. « Cette crise n’est pas seulement épidémiologique, elle est aussi psychosociale », avertit Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte humaine. En effet, après deux semaines de confinement, 44 % des sondés affichent une détresse psychologique, dont 18 % sous une forme « élevée ». Les femmes sont les premières touchées (22 % contre 14 % chez les hommes), car beaucoup se retrouvent en première ligne (soignantes, hôtesses de caisse…) ou doivent, pour celles qui travaillent à distance, assumer des charges plus lourdes que leur conjoint, comme l’école à la maison notamment. Résultat, 37 % d’entre elles présentent un risque de dépression nécessitant un traitement (vs 28 % pour les hommes). Autre population particulièrement exposée : les managers qui ont besoin d’être épaulés et montrent, pour 20 % d’entre eux, des signes de détresse psychologique élevée.

Concernant le télétravail, actuellement vécu par un salarié sur trois, s’il n’est pas en lui-même un facteur de risque, les conditions dans lesquelles il s’effectue sont, en revanche, déterminantes, d’autant qu’elles n’ont pas seulement un impact fort sur la santé psychologique, mais également sur leur motivation et leur performance. Une personne sur deux en situation de détresse élevée considère que sa performance s’est dégradée de 50 %. Or, selon l’enquête, 60 % des salariés en home office œuvrent de leur salon. Un quart des personnes interrogées déclarent travailler plutôt dans une pièce fermée, mais n’étant pas initialement prévue pour cela (chambre, salle de jeux, etc.). Par ailleurs, plus le logement est exigu, plus la détresse psychologique est grande. C’est le cas de 24,6 % des salariés vivant dans moins de 40 m2. Le confinement en couple (20 %) ou avec un enfant (22 %), sont également des facteurs de risque important (vs 18 % pour les autres). Malgré la difficulté de la situation, les télétravailleurs estiment recevoir du soutien de leurs collègues (79 %), puis de leur N + 1. Viennent ensuite la direction de la société (67 %) et la DRH (59 %). Paradoxalement, la médecine du travail est peu présente (40 %).

Par ailleurs, si la communication a généralement été faite par l’entreprise, sur les gestes sanitaires pour éviter la contamination face à la propagation du Covid-19, très peu se sont préoccupées de la prévention des RPS. Seul un tiers des salariés disent être bien informés sur ces risques. « La culture de la prévention est défaillante en France, constate Christophe Nguyen. Beaucoup d’entreprises ont mis en place un numéro vert externalisant le sujet, les gens en ont besoin, mais cela ne suffit pas. Ces dispositifs d’écoute psychologique doivent être intégrés afin d’être analysés. » Il préconise la mise en place de plans d’action de fond spécifiques RPS/Covid-19, d’impliquer l’ensemble des parties prenantes (médecine du travail, service social, management, DRH, ingénieur santé sécurité…) et de préparer le retour au travail en prenant en compte les impacts psychosociaux et l’état psychologique des salariés. Selon lui, des programmes de santé spécifiques aux managers devraient, par ailleurs, être déployés.

Auteur

  • Nathalie Tran