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Sur le terrain

GRH : Comment Bat Energie a anticipé la crise

Sur le terrain | publié le : 20.04.2020 | Lys Zohin

La société, spécialisée dans les travaux d’économie d’énergie pour le bâtiment, s’est appuyée sur sa capacité d’analyse, ses valeurs et sa culture collaborative pour anticiper dès janvier les retombées de l’épidémie. De la même façon, elle prépare maintenant la sortie de confinement et la reprise.

Victor Belhassen, le président-directeur général d’Iratek, de même qu’Anthony Taïeb et Jérémie Chamak, les cofondateurs de la marque Bat Energie, spécialisée dans les travaux d’économies d’énergie pour le bâtiment, se sont préoccupés, dès la fin janvier, de la crise du coronavirus qu’ils voyaient poindre. « Notre rôle est de nous informer et d’anticiper pour assurer la continuité des activités de l’entreprise, quelles que soient les circonstances, déclare ainsi Anthony Taïeb. Et nous avons pu le faire grâce à la coopération des collaborateurs. Notre culture d’entreprise, fondée sur la bienveillance et la collaboration, nous a grandement aidés. Et elle nous aidera encore lors de la sortie de crise. » La direction de Bat Energie a donc échafaudé plusieurs scénarios catastrophe et envisagé tous les écueils. Et s’il y avait disruption dans l’approvisionnement de matériaux ? Et si les chantiers devaient fermer ? Assortis de business plans à trois et six mois, ces schémas ont permis à l’entreprise, basée en région parisienne, de prendre plusieurs initiatives, en s’assurant au préalable de l’accord du CSE et des 25 salariés, réunis pour une présentation de la situation et des solutions envisagées, il y a plusieurs semaines.

D’abord, il a fallu accélérer les travaux en cours. « Nous avons agi comme nous le faisons avant les grandes vacances. Nous n’avons pas demandé aux salariés de faire plus de 35 heures, mais nous nous sommes assurés qu’il n’y avait pas de trous dans les plannings », explique Stéphanie Manetta, la directrice administrative et financière de Bat Energie-Iratek. Pour des questions de contrats à honorer, mais aussi de facturation… Pour des travaux le plus souvent subventionnés à 100 % par les certificats d’économies d’énergie, l’entreprise réalise les audits, puis avance les fonds qui financeront les chantiers. Sans leur accomplissement et leur vérification, impossible de facturer. Et sans facturation, c’est évidemment la trésorerie de la société qui aurait souffert. « Or la direction voulait à tout prix assurer la paie de tous les salariés, ouvriers sur les chantiers comme commerciaux », souligne Anthony Taïeb.

Avances sur primes

Ensuite, il fallait gérer les variables des commerciaux. « La partie variable peut représenter un montant élevé de la rémunération, relève la DAF. Nous agissons au cas par cas, pour faire en sorte que cet arrêt des activités, qui n’est pas du fait des commerciaux, ne les empêche pas de vivre correctement. Nous avons donc, par exemple, fait des avances sur primes, d’autant que nous savons qu’il y aura des rentrées d’argent à venir, lorsque les activités auront repris. » Enfin, il a fallu vérifier que les fiches de poste, notamment pour l’administratif, comportaient bien la possibilité de faire du télétravail. Aujourd’hui, une partie des salariés sont en chômage partiel, d’autres ont pris un congé pour s’occuper de leurs enfants privés d’école, tandis que l’équipe de direction – directeur général, directeur technique et directrice financière – est restée sur le pont, ne serait-ce que pour négocier avec les partenaires financiers. Charges, factures des fournisseurs et des sous-traitants à payer, demande de prêts éventuelle : tout est exploré pour trouver des réponses satisfaisantes. Les initiatives de l’État en matière d’aide aux entreprises sont également venues quelque peu rasséréner l’équipe de direction, qui réfléchit déjà à l’après-confinement et la sortie de crise. « Nous aurons de nombreux chantiers, mais aurons-nous les matériaux ? », se demande ainsi Stéphanie Manetta. « L’entreprise travaille exclusivement avec des fournisseurs français et des artisans sélectionnés, ajoute Jérémie Chamak. À la reprise, certains auront besoin d’acomptes. Nous aurons à réaliser les chantiers de la période du confinement en plus de nouveaux. Il faudra que les banquiers suivent, car nous n’allons certainement pas refuser de l’activité ! » Iratek, qui a réalisé 8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, prévoyait en début d’année d’atteindre les 15 millions d’euros l’an prochain. Et elle a bien l’intention de les atteindre… Alors qu’en début d’année, certains observateurs extérieurs jugeaient Victor Belhassen, le PDG d’Iratek, presque « trop prévoyant », la vision de la direction s’avère aujourd’hui payante. Et sans doute encore plus demain….

Auteur

  • Lys Zohin