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Formation : La dynamique de l’apprentissage en danger

L’actualité | publié le : 30.03.2020 | Benjamin d’Alguerre

Depuis une semaine, les CFA sont tenus d’assurer leurs cours à distance. Mais la prolongation de la crise sanitaire pourrait mettre la rentrée 2020 en danger.

Le 16 mars, les 480 000 apprentis français ont trouvé les portes de leurs CFA closes et ont été priés de suivre leurs cours à distance jusqu’à la fin du confinement. De leur côté, les établissements se sont hâtés de développer une offre digitale. Avec des résultats positifs selon une enquête menée par la FNADIR (la fédération nationale des directeurs de CFA) ces deux dernières semaines auprès de ses quelque 260 adhérents. Les centres de formation n’ont pas ménagé leurs efforts pour s’équiper en un temps record : s’ils étaient 18 % à ne pas disposer d’outils de digitalisation avant la crise sanitaire, ils n’étaient plus que 8 % fin mars.

En moins de deux semaines, la proportion d’établissements bénéficiant de plateformes de diffusion numérique est passée de 48 % à 50 % ; celle de plateformes de diffusion couplées à un dispositif d’exercices en ligne de 22 % à 28 %. Enfin, 22 % disposent aujourd’hui de classes virtuelles contre 12 % avant la crise.

Malgré les efforts accomplis, les CFA ne sont pas égaux face au distantiel. Certains étaient parés pour la formation digitale, d’autres non.

« Les grèves et les blocages des transports de ces dernières années nous ont poussés à adopter un mode de formation distantiel. La crise sanitaire accélère cette transition », explique Yves Georgelin, directeur du CFA AFIA, un centre francilien spécialisé dans le numérique, dont les 2 000 alternants (du bac + 2 au bac + 5) suivent désormais leurs cours théoriques depuis leur domicile ou leur entreprise lorsque celle-ci le permet.

Scénario identique chez Formaposte, l’établissement du secteur postal, qui, challengé par la réforme de l’apprentissage contraignant les CFA à devenir plus attractifs, avait engagé son processus de digitalisation en même temps que la construction de son nouveau siège dionysien. Ailleurs, en revanche, on galère. Comme dans les 330 CFA du bâtiment. Malgré un coup de pouce du CCCA-BTP dans la transformation digitale des établissements, le secteur n’est pas prêt. « Il faut avoir conscience que malgré les tutos à distance, certains gestes techniques ne peuvent être appris qu’en présentiel. Difficulté supplémentaire : nos apprentis souvent mineurs et issus de milieux modestes n’ont ni la culture du télétravail ni toujours les moyens de se connecter. Notre priorité, c’est de ne pas les perdre durant cette crise ! », annonce Jean-Christophe Repon, président du CCCA-BTP.

D’autres écueils pointent à l’horizon : report possible des examens (à trois mois de la fin d’année), rattrapage des heures de formation perdues sur le temps en entreprise (les employeurs accepteront-ils ?), décalage de certains enseignements après l’été (mais sous quel statut pour les apprentis ?), voire faillite des entreprises accueillantes durant la crise. Autant de casse-têtes qui laissent entrevoir l’hypothèse d’une rentrée 2020 ratée.

« Cette crise pourrait briser la dynamique de l’apprentissage engagée depuis un an », regrette Roselyne Hubert, présidente de la FNADIR. Et mettre en danger les établissements. Car si moins de jeunes s’inscrivent dans un cursus en alternance, c’est autant de perdu pour les CFA, désormais payés « au contrat », qui pourraient se tourner vers les régions pour obtenir des financements supplémentaires…

À condition que le montant de leur enveloppe « apprentissage » le permette. Ce qui est loin d’être assuré.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre